l'odeur du bois fraichement coupé, les terres qui perdent peu à peu leur humidité et le soleil qui tape violemment sur son visage poudré. y a comme un sentiment d'évasion qui s'empare de son frêle corps. les doigts enlacés entre eux, le vent qui souffle dans ses cheveux étonnement détachés. une brise légère. assez pour respirer sans suffoquer dans l'habitacle de cette voiture qu'elle ne connait que trop bien. nell est en escapade. nell se perd dans les ruelles sinueuses d'une spring branch qu'elle ne connait guère. très peu pour elle de s'aventurer tard dans l'après midi, loin du manoir des james. son refuge. celui qu'elle s'accorde. celui dans lequel elle se sent pleinement vivante. du moins, c'est ce que tu crois. tu sais pas vraiment ce que c'est d'être en vie. les questions s'enlacent dans son esprit, s'entrechoquent par moment tandis que la détermination qu'elle invoquait il y a encore quelques minutes, commence à s'évaporer. pourtant, nell semblait bien sûr d'elle. nell avait l'esprit vif en passant la large porte du manoir james, prétextant une sortie organisée avec quelques amies pour s'échapper des griffes insistantes de sa mère. elle l'aime profondément. d'un amour démesuré même. celui d'une fille à sa mère. mais suffoquer n'aide pas. et james suffoque constamment ces derniers temps. elle peine à trouver un souffle vigoureux, l'aidant à reprendre le dessus sur ce qu'elle pense être sa vie. son avenir. la bague de fiançailles qu'elle fait tourner autour de son doigt. elle est pesante. omniprésente et pourtant, en un claquement de doigt, elle arrive à l'oublier. la mettre dans une case bien reculé de son esprit. comme toujours. son regard divague sur les bâtisses défraichies du quartier, les rues pavés et la nature qui reprend ses droits. y a les fleurs qui bourgeonnent, cachées derrière les larges pierres. c'est presque enivrant. jusqu'à ce que ses pupilles ne croisent la devanture d'un endroit lugubre à ses yeux. interdit. the anarchy. rien que le nom ne sonne pas de bonnes augures. la voiture s'arrête, le palpitant qui accélère tandis que la belle se met à divaguer sur les vêtements qu'elle porte. pas de circonstances certainement.

la pulpe de ses doigts contre la poignée. elle se veut hésitante. tressaille au moindre son tandis que son chauffeur semble s'impatienter de ne pas la voir bouger. le rouge carmin de ses lèvres se met à trembler tout comme son échine toute entière. elle replace une mèche de ses cheveux derrière son oreille et après avoir prit une grande inspiration, ouvre enfin la portière. récupérez moi dans une heure s'il vous plait, edgar. il fait partit du paysage lui aussi, edgar. son chauffeur. celui des james. homme d'une vertu inconsidéré. homme qui a finit par remplir son coeur d'émotions chaque fois qu'elle contemple ses traits se tiraient par l'âge qui avance. comme si la mort l'attendait à un virage. un simple signe de tête comme réponse et la belle s'engage sur les rues pavés, laisse tomber lourdement ses talons contre le sol. décidément, un jean et des baskets auraient suffi. mais nell est bien loin de la réalité de la vie. de la réalité des autres. elle vogue dans le flot des mots qu'elle griffonne sur un bout de papier. sur les rêves d'évasion qu'elle imagine au lieu de les vivre. la voiture se met à ronronner et disparait dans une brume toxique, s'évaporant du pot d'échappement. nell toussote, nell se retrouve comme la dernière des cruches vêtue d'une robe beaucoup trop apprêtée pour l'occasion, alors qu'un de grosses bécanes aux sièges en cuir se trouvent face à elle. des âmes, des regards indiscrets se mettent à contempler son minois. même eux trouvent ça bizarre de la voir ici. en ce lieu. rien que par les chuchotements elle se sent désemparer. mais le courage est bien une chose qu'on ne peut pas lui retirer. elle est ici pour un but. un seul. et elle est bien prête à l'atteindre, quoi qu'il lui en coûte. si seulement t'avais ce courage pour les choses vraies de ta vie. si seulement t'avais ce courage pour lui dire la vérité.

ça sent la testostérone à plein nez et la liqueur bon marché. le bois fraichement repeint aussi. elle discerne quelques couleurs par ci, par là, sur les murs défraichies. pas de quoi en égarer une âme, mais assez pour qu'elle l'est remarquée. elle et son regard observateur. ce besoin constant de calculer le moindre lieu, de le dévisager dans ménagement pour finir par le connaitre sur le bout des doigts. une lumière tamisée, la belle est obligée de plisser les yeux pour apercevoir les ombres qui s'agitent face à elle. la nicotine enivre son coeur et lui faire la raison. une brume épaisse qui traverse son sillage tandis qu'un silence de plomb semble s'être emparer de ce qui ressemble à un bar. ce silence, il est apparut au moment même où elle a passé le pas de la porte. fille de riche. nell perd contenance, demande à ses jambes de reprendre leur danse vers le large comptoir dans le fond de la pièce, face à ses pupilles qui divaguent. mais la brune est prise par le remord. par la peur aussi. le remord de faire une chose en secret. comme trahir un des siens alors que ça part d'une attention tout à fait honorable. le temps sembler s'écouter affreusement lentement. semble simplement. elle n'est restée stoïque que quelques secondes à peine, a finit par regarder droit devant elle, le seul but à atteindre. a fait taire les voix brisantes de son cerveau. les pieds qui reprennent leur marche, lentement, mais surement. le dos droite, la tête haute et la poitrine qui se met à bouger à chacune de ses respirations. le bois du comptoir finit par heurter sa cage thoracique et ses doigts se posent lentement sur le meuble. ses yeux se plantent directement sur le premier venu, le seul qui tient une bouteille près à servir un verre à un pauvre mec déjà trop bourré pour comprendre quoi que ce soit. une main qu'elle lui tend. preuve d'une salutation distinguée pour une fille de son rang. la politesse surtout. elle attend qu'il la serre de ses doigts et ne lui laisse pas le temps de rétorquer quoi que ce soit. éléanore james. présentations obliges. bien qu'elle se fiche pas mal de savoir comme lui s'appelle. elle n'a qu'un nom à la bouche, un seul à trouver et son salut est proche. je cherche rick barrow. c'est à l'instant même où nell prononce ce prénom, qu'elle se rend compte qu'elle se trouve justement face à lui. la main toujours tendue, attendant une réponse certaine. mais elle reste figée un instant. se perd dans le bleuté de ses yeux qu'elle n'imaginait pas ainsi. parce qu'on se fait toujours une image des gens de part leurs actes, leurs réputations. dans le monde de nell, du moins, ça marche comme ça. le silence semble s'être tout à coup, emparer de ses lèvres tandis qu'elle le dévisage, qu'elle cherche dans le fond de ses pupilles des réponses alors qu'elle n'a pas encore les questions. y a comme le tic d'une horloge qui commence à marcher. dans tes entrailles tu le sens. ce tic bizarre. et l'aiguille qui se met à tourner, lentement. présage d'une vie qui commence.

extrait du journal de nell
elle est entrée comme un mirage. a fait trépasser les âmes les moins charitables. a espéré pendant de longues minutes qu'elle n'était pas à sa place, avant de sentir son regard pénétrait son échine toute entière. de sentir son palpitant s'écrasait contre ses cotes. elle pensait presque que tout le monde pouvait l'entendre. ce myocarde qui se met à vivre. pour quelques secondes. quelques secondes d'éternité.

l'endroit n'inspire pas confiance. l'endroit est sombre. et pourtant, dans son inconscient tourné à l'envers, y a cette impression qui lui réchauffe le coeur. cette protection qu'elle sent juste au dessus de sa tête, cette chaleur qui envahit son épiderme. mais y a le claquement de ses talons sur le sol qui l'a fait sursauté. si au moins, nell avait eu le bon sens de foutre des baskets. niveau discrétion. les regards se perdent. elle les sent sur sa silhouette fluette perdue derrière le tissu qu'elle porte. les chuchotements glacials dans le fond de son myocarde. ça l'étouffe. mais la tête haute, la belle la garde. en toute situation. c'est sa mère qui lui a apprit. les enseignements d'une grande dame qui finalement, lui serve bien dans la vie. entourée de faux semblants, de jugements, nell sourit. nell ne sait faire que la plante verte dans le coin d'une pièce. feint des fois la plaisanterie ou l'intérêt commun. mirage. que des mirages. des chimères. de la poudre aux yeux qu'elle balance sans réfléchir aux conséquences.

le pas qui s'arrête face à ce comptoir, face à ce carcasse fumante qui s'affaire à la tâche. ou du moins, fait semblant. bien loin de la décontenancer, nell se racle la gorge, signale sa présence. d'un geste assuré, elle tire sa main bien cachée, offre en pâture ses jolis doigts manucurés. elle commence par se présenter. un ton calme qu'elle arbore mais on ne feint pas la peur qui l'assaille. celle qui tiraille. dans le fond de son estomac, y a les gargouillements de l'inquiétude. de la solitude aussi. la belle n'a qu'un seul nom à lui donner. celui qu'elle souhaite voir s'appelle rick. court. avant de se rendre compte que l'objet de sa venue se trouvait tout juste face à ses pupilles perdues. rien que par le rictus de ses traits, elle l'avait deviné. et c'est avec une lenteur peu commune que leurs doigts s'entremêlent pour se saluer. que le contact électrise sa chaire toute entière. rapidement, elle laisse filer ses doigts. stop ce contact trop brutale pour son myocarde. il arbore aucun ressentiment, pas une once de sentiments. y a rien. le vide intégrale et ça la déstabilise. la question qui ne tarde pas à venir. celle qu'elle redoute et qu'elle attend en même temps. mais nell reste étonnement silencieuse tout à coup. perd le peu d'estime qu'elle a d'elle même et le peu de confiance aussi. elle la voit s'envoler loin derrière, prendre la porte sans se retourner. dans son dos, la belle contemple la grande faucheuse. ça lui fiche une peur bleue. la salive est difficile à avaler. en ville, tout le monde les connait. tout le monde, sauf nell. elle a dû se renseigner avant de venir. agiter ses beaux petits doigts pour quelques informations grassement payer. très peu pour toi. tu fais pas dans ce genre là.

il la sort de sa rêverie, remet sur le tapis le fait qu'elle n'a rien à faire là. ou du moins, lui faire clairement ressentir. nell referme la bouche, secoue légèrement la tête pour se sortir de ses rêveries. reprend le peu de contenance qu'il lui reste avant de reporter son regard dans le sien. toujours rien. le vide. mais un vide presque apaisant. là. dans le coin de ses pupilles, elle contemple le bleu pétrole qui s'en dégage. non, je ne me suis pas perdue. un sourire quelque peu gênée, tandis que ses phalanges perdent le fil le long de son sac à main. elle l'emprisonne de peur qu'on ne le lui vole. est-ce qu'on peut se parler en privé ? nell tourne la tête, contemple les regards inquiets sur sa personne. voit très bien qu'on l'espionne mais c'est lorsque son faciès revient vers le rick en question, qu'elle se rend compte qu'il n'est pas vraiment prêt à obtempérer. très bien. un peu de courage nell. t'es pas venue là pour rien. je voudrais qu'on discute de malo et de vos affaires plus ou moins douteuses, au sujet d'une petite poudre blanche. le sujet est lancé et elle s'étonne même, d'avoir sortie cette phrase sans trembler. en une seule fois. il va te tuer. si ?