t'arracher les yeux pour qu'ils ne regardent que moi (magda)

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fallait qu'ça sorte. fallait qu'il les sentent, ses tourments qui se fracassent contre le mur. ce même mur qui a craché sa douleur dans une fumée de poudre blanche. le plâtre qui s'est essoufflé sur le sol encore tiède d'ébats passés. il a plus mal qu'il ne l'aurait imaginé.

pas sa peau rougie par le coup.
pas ses phalanges qui se sont heurtées à sa propre bêtise.
pas sa paume meurtrie par l'étreinte de ses ongles rongés, mal coupés.

ça s'asphyxie droit dans son sternum. sa cage thoracique qui soudain s'étouffe, s'étrique. ses côtes qui s'enfoncent dans ses poumons, ne leur laissent plus aucune place. même pas celle d'exister. un amer dégoût qui lui revient dans la bouche. la rage qui lui brûle la langue et le palais. les chiottes juste à côté qu'il menace de baptiser. ça se bouscule dans le fond de son gosier. une bataille de bile et de folie qui est sur le point de se terminer dans les égouts de la ville.

pour un putain de bâton en plastique.
pour la sentence aux allures féministes.
pour ce petit symbole qui lui fait vriller les rétines,
abandonné dans la corbeille dans la salle de bains.

marshall l'abandonne à son tour dans l'fond du lavabo. les dés sont jetés. le jeu est plié. et c'est pas wane qui se fait couronner. pas lui qui balance les gênes de l'héritier. magda. un appel. un murmure. pas l'ombre d'une requête. la silhouette d'un ordre. un ordre incisif mais aux décibels si bats qu'on aurait cru à un grincement de dents agacées. il passe d'une pièce à l'autre, traverse les couloirs avec la discrétion des commandos qui ont vu naître la monstruosité en lui. wane joue avec les angles, avec les ombres. il sait où est sa cible, où elle repose. il a ce foutu sentiment qu'on lui veut du mal. cette foutue sensation qu'elle s'est foutue de lui à s'en arracher les cordes vocales. que son coeur était tout ce temps épris derrière les lignes ennemies. il passe en trombe la pore du salon, ne laisse pas à la brune le soupir du répit. tu comptais m'le dire quand ? hein !? il attrape par les épaules l'ingénue qui dormait dans le canapé, emprisonne ses petits bras dans l'immensité de ce t-shirt trop ample qu'elle porte pour dissimuler sa nudité. il lui crache ses accusations infondées. on voit poindre dans le coin de ses babines la mousse énervée de son animosité. marshall enfonce dans ce corps qu'il raffole aimer, ses doigts et sa violence réfrénée. engrossée par un macchabée ? ça t'fait mouiller ? elle se défend, agite ses mains et ses griffes viennent se planter dans le torse nu de son bourreau qui ne bronche pourtant pas. sa peau déjà marquée par les balles et leurs ébats déraisonnés.

il soutient son regard comme un pendu à sa barre.
bouscule son corps habité par c'qu'il avait jamais imaginé.
l'enfonce peu à peu dans le moelleux du canapé,
surplombant ses joues poudrées de ses traits trahis.
tandis qu'entre ses dents siffle cet amour au malsain qui se complaît,
tu m'dégoutes.

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[ t'arracher les yeux pour qu'ils ne regardent que moi ] Lovers in the night Poets trying to write We don't know how to rhyme But damn we try But all I really know You're where I wanna go The part of me that's you will never die @Always Remember Us This Way - - - wane & magda.

tu aurais dû t'en inquiéter bien avant. te poser la question. ton horloge biologique qui fait des siennes. mère nature qui ne pointe pas le bout de son nez. t'aurais dû faire attention, magda. suivre tes menstruations. suivre tes cycles. t'es pas bien réglée. tu le sais. c'est le cas depuis toujours. même avec cette fichue pilule que tu oublies bien trop souvent. encore plus ces derniers temps. parce que t'as la tête ailleurs, magdalena. l'esprit qui vogue et qui s'envole. vers meallán. son décès. les fiançailles rompues et les liens sacrés aussi. les doherty. cette famille que tu as appris à aimer au fil des années. les álvarez, ceux qui n'ont pas hésité à te vendre au plus offrant. et wane. ouais. bien trop d'choses dans la caboche. bien trop pour faire attention que trois mois se sont écoulées depuis la dernière fois où tu as saigné. trois mois. le calcul est rapide. les souvenirs se bousculent et s'entrechoquent. trois mois que tu l'as retrouvé. trois mois que le brun est revenu dans ta vie. peu de temps avec que le doherty laisse sa place. peu de temps avant que ta vie entière ne bascule. t'étais promise à un autre. amoureuse de marshall depuis toujours. tu l'avais presque oublié. jusqu'à ce qu'il revienne. jusqu'à ce que tu le croises avec tes frères.

les doutes effacés et le bâtonnet jeté. le signe qui indique le positif. merde. c'est le cas, magda. t'es bien enceinte. enceinte de lui. les yeux fermés et la bouteille dont tu as envie de te saisir. tu t'retiens. parce qu'il n'a rien demandé, lui. il n'a pas choisi cette famille instable qui lui pend au nez. un mexicain croisé avec un américain. trafiquants. délinquants. peut-être bientôt fichus à la porte de la patrie. le mur qui se construit et les familles qui se déchirent. y a le tout qui se bouscule dans ta tête et les yeux qui se ferment. repos salvateur avant la tempête qui s'annonce.

t'es pas réveillée par ton prénom à peine murmurer. t'es pas réveillée par ses pas précipités. ce sont ses mains qui te saisissent et qui commencent à te secouer. la pulpe de ses doigts plantés dans ta peau. une marque déjà laissée. mais qu'est-ce qui t'prends ? t'as pas peur de lui, magda. pas de ce regard noir. ni même de sa folie acharnée. mais lâches moi bordel ! il te secoue encore. wane le géant. et toi la poupée. tu viens planter tes ongles dans son épiderme. cherches à ce qu'il lâche sa prise. les explications, tu les as rapidement. il n'a pas besoin d'en dire plus pour que tu comprennes. pas besoin qu'il te dise qu'il a trouvé le témoin d'une paternité. il ne prononce pas son prénom. le macchabée. cet homme qui t'a été arraché.

t'es sérieux, wane ?
capable d'croire ça ?
capable d'avoir un fils avec un autre que toi ?

mais t'es pas raisonnée, magda. y a rien qui t'empêche d'le bousculer. juste un peu. juste pour t'amuser. un léger rire vient franchir tes lippes alors qu'il te pense souillée. tonto ! tu savais que j'étais fiancée quand tu m'as baisée. il s'en fichait bien, à l'époque. il se fichait de savoir à qui t'appartenait. à qui t'étais destinée. et y a finalement la prise qui se relâche. si tu veux tout savoir, puisque ça a l'air de t’intéresser. il n'est pas d'lui. la subtilité. les hostilités lancées. tu viens te saisir du vieux paquet de lucky qui traîne sur la table basse. la cancéreuse entre les lippes. faudra que tu penses à arrêter.

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