Chevelure blonde qui vient danser au gré de ses mouvements, pas gracieux qu’elle a comme appris par cœur à un jeune âge. La belle est divine et l’homme l’observe comme sa proie, sa possession, la récolte de son génie, le profit d’une idée folle à laquelle il a approuvé. Beauté qui se pavane devant lui en se dévoilant inaccessible alors que l’homme mordrait à l’hameçon comme un poisson trop innocent et idiot face à la dangerosité et l’intelligence de l’homme. Il voit en elle plus que son beau corps et que son visage aux traits divins, Lex voit en sa fiancée un bénéfice constant et un cerveau presque égal au sien. Parce que personne n’égale le génie du Durden, pas même les inconscients qui lui servent d’associés ou de mentors. Le génie d’Alexander est un cadeau des cieux qu’il s’amuse à utiliser quotidiennement, faisant sonner l’alarme dans toute la vie avec sa dernière idée qu’il se permet d’admirer sur cette tablette, les clichés passant sous ses yeux un à un. On observe l’homme sourire face à sa prochaine création, sa fierté du moment. Son futur casino, idée qui plaît et qui déplait tout autant, qui attire les regards noirs autant que les regards excités des habitants de Spring Branch. Les opportunités sont nombreuses et il arrive à se demander s’il aurait pu atteindre ce but là-bas, à Austin, là où ses nombreux démons se trouvent – ceux qui le suivent jusqu’ici, dans sa tête, dans son esprit dysfonctionnel. Le voilà perdu dans ses pensées alors qu’une assiette se pose devant lui, la blonde étant une fiancée exemplaire alors qu’il fait le pire fiancé du Texas dans son entièreté. Merci, chérie. Les surnoms doux pour ne convaincre qu’eux-mêmes de ce manège qu’ils ont eux-mêmes créés. Pourtant, il arrive encore à faire sonner tout cela comme normal et vrai, mensonges sur mensonges qui sont accompagnés d’une certaine hypocrisie. Dans ce surnom doux comme les nuages, seule sa fiancée pourrait arriver à cerner la prétention et la provocation car seule elle sait que ces fiançailles pourtant vraies ne sont que fiction à leurs yeux. Tu fais de moi le plus ravi des fiancés. Rire faux alors qu’il se repositionne sur sa chaise, rejetant la tablette du revers de sa main et faisant pareil avec ses démons du passé. Pourtant chez-lui, il ne peut pas enlever ce foutu masque tant qu’elle est dans la même pièce. Seul le sommeil accueille le Durden apeuré et meurtri, seul la nuit connaît son vrai visage.

Ce n’est pas un amusement comme un autre, loin de là. C’est un manège savamment orchestré, une traque dont elle a accepté, sans état d’âme, d’être le gibier. C’est une danse macabre, un enchaînement de pas qui l’anime du lever au coucher, au lever suivant, toujours à ses côtés. C’est malsain, elle en a conscience Marla, mais il faut croire qu’elle se complait dans leurs mensonges éhontés et tire un certain plaisir à s’animer, gracieuse, dans leur paradis artificiel. Merci, chérie. Les mots de Lex sont comparables à de fines lames acérées, ils écorchent les commissures de ses lèvres de sourires importuns, tailladent sa peau laiteuse de fossettes esseulés et dessinent de minces ridules au coin de ses yeux. Si on dit que ces derniers sont le miroir de l’âme, alors les siens peinent à dissimuler les revendications de sa chair. Ils hurlent des supplications silencieuses, professent des inclinations inassouvies. Ils la trahissent et saccadent les battements de son coeur à mesure qu’ils lorgnent, las, les traits anguleux du Durden. À cet instant précis, si ses longs doigts fins entouraient une dague, elle se les crèverait sur place.
Elle jette ses cheveux en arrière d'un mouvement sec, s’enfonce dans son siège et laisse tomber, tel un couperet, quelques mots qui démangent le bout de ses lèvres, au risque de consumer les yeux de son fiancé d’un ardent brasier. — Fais attention, tu vas finir par y prendre goût, son regard outrecuidant plongé dans le sien, elle termine, — … un fâcheux accident est si vite arrivé.
Menteuse, il lui a toujours été plus simple d’accuser les autres de ses propres inclinations plutôt que de les admettre.

Leur danse est dangereuse ; le cadre utopique devrait être remplacé par toute fausseté de cette fameuse union. Les deux se pavanent dans une maison comme un vrai couple alors qu’il n’y a personne a trompé dans les alentours, si ce n’est qu’eux-mêmes. Lex ne vit pas dans la peur de se voir pris à son propre jeu, mais peut-être que l’idée même effraie la princesse ? Ils n’ont jamais eu de réelles conversations concernant leurs propres limites, même s’il est bien connu que le prince n’en ait aucune. Lui, tout ce qu’il se contente de faire, c’est de suivre son instinct et de faire avec ce qu’il vient. Le prince réagit à ses mots avec un simple rire, rien de nerveux ou de forcé : ses provocations l’amusent plus qu’autre chose. C’est une des premières choses qu’il a découvert concernant la belle, avant même que celle-ci ne se fiance à lui : La belle n’est pas ennuyante, ni barbante. Elle a en elle l’humour nécessaire pour faire rire son fiancé. Elle n’a pas que son beau visage comme atout, elle a bien plus que cela et ça, l’homme l’a compris bien assez tôt. Lorsqu’ils ont commencé à se découvrir l’un l’autre, quand elle lui a vraiment parlé et qu’il a essayé de faire pareil. Il aurait aimé être honnête, vraiment, mais Lex ne se sentait pas prêt à dévoiler tous ses secrets ou du moins, ceux capables d’être entendu, de si rapidement. – Qui te dis que je n’y ai pas déjà pris goût ? Il relève d’une autre provocation, comme une pique lancée en plein dans sa curiosité. Le voilà entrain de rire et d’observer la belle, lippes tirées pour laisser apparaître un sourire des plus sincères. – Oh oui, comme tu le dis si bien, c’est si vite arrivé. On aurait à peine le temps de réaliser ce qui nous arrive.  Qu’il dit alors que ses doigts passent sur les extrémités de son verre de vin, regardant la demoiselle comme un lion affamé. – Mais nous sommes des adultes responsables, on serait prendre soin de ce genre de situation, n’est-ce pas ? Les prunelles se relèvent sur une silhouette qu’il commence à connaître, à des traits qui se laissent désirer. – Si, bien-sûr, ça venait à arriver. Il lui sourit alors que le petit jeu se poursuit, tension qui vient briser la tranquillité de la pièce.