le bruissement du vent dans les arbres, le soleil qui peine à se coucher et l'eau qui s'écoule lentement dans le ruisseau juste à côté. la tranquillité. endroit paisible fait de briques et de brauques, une cabane dans la lisière de la foret, paumée en plein dans canyon lake. le canidé qui remue la queue vivement à s'en péter la colony vertébrale, il trépigne d'impatience quant au baton que tient adem dans le creux de sa main. les babines grandes ouvertes, il souffle, attend sagement la délivrance. elle se fait pas attendre plus longtemps. d'un mouvement vif, il jette l'objet tant attendu dans la flotte. le soleil qui se reflète légèrement. il se couche lentement. l'animal court à vive allure, se jette dans le lac sans se poser de question. seul objectif pour combler ses envies animales, récupérer le bout de bois qui flotte non loin du rivage. il aime ces moments de calmes, de tranquillité bien mérité. ils sont rares. de plus en plus rares. adem s'octroie peu de temps dans cette cabane qui appartenait à son père. il s'en servait pour la chasse. aujourd'hui, toujours entretenu, le blond la garde pour ses affaires personnelles. celles que t'aime pas prononcer à voix haute. celles que tu gardes jalousement, des regards indiscrets. y a les armes de pointe posées avec arrogance sur une vieille table en bois. toutes sorties pour l'occasion. elles attendent sagement que le maitre des lieux reviennent à la maison, les nettoie avec dévouement. une simple pièce minuscule d'apparence, mais qui n'a rien a envié aux plus jolies maisons. le strict minimum. s'il pouvait adem, il resterait vivre dans cet endroit. entouré par la nature qu'il affectionne si profondément. alto revient, sort de l'eau et se secoue le pelage, le bout de bois entre les crocs, prêt à remettre ce jeu sans fin. adem se saisit une nouvelle fois de l'objet, le jette sur le sol tout en signalant à son chien que le jeu est terminé. des choses l'attendent à l'intérieur et la nuit commence à tomber. le temps de rentrer sagement, d'allumer de quoi s'éclairer. quelques bougies par ci par là, des lampes à pétroles qui datent d'un autre temps. pas d'électricité dans cette cabane, pas même une once de réseau, mais ça lui va amplement.

la nuit est tombée, la fraicheur aussi. mais de quoi lui tendre l'échine. une bière à la main face à ce ciel étoilé, il les contemple avec admiration, se perd dans les lumières qui éveillent la page noire des ténèbres. alto est couché non loin, il s'est endormi sous un arbres à l'abris, dans l'herbe verte. une goulée qu'il prend, puis une deuxième, le cul posé sur un banc près de l'entrée. reposant, apaisant. tandis que ses yeux se mettent à contempler la bière juste entamée. promesse que ce serait la première et la dernière. adem ne se réfugie jamais dans l'alcool, du moins, pas le fort. pas celui qui rend les âmes les plus pures totalement perdues. adem il sait trop ce que ça fait. ce que ça lui fait. tout à coup, le canidé s'éveille, se met à aboyer. les sourcils froncés, il suit la carcasse animale s'agitait, se mettre à bouger, direction la lisière du lac. alto ! swarek hausse la voix, rappelle à l'ordre l'animal qui n'écoute pas. sans doute une bestiole dans le coin des roseaux. d'un mouvement vif, il se relève, dépose sa bière sur la rambarde du perron, emprunte le chemin de chien. les pas rapides, il rejoint rapidement le lieu du déboire, rappelle à l'ordre son chien d'un sifflement strident à s'en faire péter les tympans. mais pas le temps de réagir à quoi que ce soit. les pupilles levées vers l'horizon, il aperçoit dans les branchages d'eaux, une silhouette dénudée. fronce d'abord les sourcils, parce qu'il voit rien. y a quelqu'un ? il est pas sûr. tend l'oreille. alto est revenu à ses pieds, s'est assis attendant sagement les ordres de son maitre. jusqu'à ce que la lune ne vienne éclairer le corps dénudé face à lui. il détourne aussitôt les yeux, mets ses deux bras devant son visage et avale difficilement sa salive. oh merde. désolé. il a même pas remarqué que la silhouette face à lui n'était autre que frances. il se retourne, fait volte face et se met à fixer un point invisible face à lui. les branches, la lueur des bougies dans la cabane. totalement confus, perplexe aussi. ça met pas trois secondes à lui monter à la tête. à ce que cette idée ne soit pas si débile que ça finalement. ce corps, même caché par la noirceur de la nuit tombée, cette silhouette. une main derrière son crâne, il ose pas. la voix tiraillante, la gorge sèche alors qu'il vient tout juste de boire une demie bière. frances ? swarek se retourne toujours pas. donne l'intimité qu'il lui doit. le destin est foireux. il met tout en oeuvre pour le faire flancher.

un jour de repos. un jour de congés. tu n'aimes pas ça, frances. parce que si le sherry butt t'offre les jours réglementaires à ton repos. ce n'est jamais le cas de dwight. toujours un client à voir. toujours. mais pas ce soir. à ta plus grande surprise, d'ailleurs. peut-être votre dernière engueulade. ou, peut-être la trentaine qui éloigne les clients. ou encore, peut-être que d'autres filles sont plus intéressantes que toi. peu importe. toi, tu es satisfaite d'avoir ta soirée. en une entière liberté puisque dwight est, lui, au club. tu pourrais presque remercier la personne ayant fait le planning de la semaine de d'octroyer ce moment. un instant rien qu'à toi. et tu n'hésites pas longtemps avant de trouver ta destination. canyon lake. ce lieu où tu aimes aller. cet endroit où tu adores vagabonder. t'as attendu qu'il quitte le loft. t'as attendu qu'il ne revienne pas sur ses pas. t'as attendu d'être certaine qu'il ne t'appelle pas pour un client à satisfaire. la nuit est déjà tombée. t'as mangé un petit morceau avant de te diriger vers le lac. le cul vissé sur ta bicyclette. -parce que, tu n'as pas le permis, frances. dwight ne te l'a jamais autorisé. t'as pédalé pendant quelques minutes. le vent chaud sur tes joues. et la pleine lune éclairant le chemin. y avait ton sac qui glissait, que tu rattrapais de justesse. et maintenant, y a le calme plat.

t'as pas hésité longtemps. t'es partie tête la première dans le lac. l'eau pas encore assez chaude pour attirer les gens normaux. mais toi, ça ne te dérange pas. ta robe laissée sur la rive. le reste de tes affaires aussi. tu te penses seule. tu n'imagines pas que quelqu'un puisse être là. quelques brasses. quelques plongeons. tu sens déjà tes muscles se détendre. ton cerveau se vider des fléaux que tu portes sur tes épaules. tu sens une sensation de bien-être t'envahir. tu te crois seule au monde. tu te penses maître du monde. t'as l'esprit vidé. tu ne penses à rien. juste à t'évader. et finalement, y a cet aboiement qui te fait sursauter. qui brise la bulle qui s'était crée. tu t'arrêtes de nager. t'attends que le canidé débarque. qu'il s'immisce dans ton intimité.

et y a cette voix qui résonne en écho.
cette voix que tu entends.
que tu reconnais.

tu viens planquer ton corps dans l'eau. un peu plus encore. tu imagines que la pénombre de la nuit te masquera suffisamment. mais il y a cette pudeur persistante. y a les marques violacées qui couvrent encore ton épiderme. y a les coups qui ne s'arrêtent jamais. et les hématomes qui se mêlent. entre les anciens et les récents. ceux qui s'effacent laissent place à ceux qu'on t'inflige à nouveau. tu vois adem se retourner. tu l'imagines rougir. être gêné. alors que quelques mètres vous séparent. alors qu'il ne te voit sûrement pas. ne te reconnaît pas, non plus. oh, c'est rien. que tu as envie de répondre. c'est moins que ceux qui te regardent habituellement. t'es pudique, frances. et tu fais avec. y a ce corps que beaucoup connait. mais pas adem. y a ce corps qui parade sur la place public. un objet à vendre. tu comptes ouvrir la bouche. trahir la confidentialité. et t'es étonnée. étonnée qu'il te reconnaisse. étonnée qu'il prononce ton prénom. le bruit de l'eau trahit ton sursaut. vient casser le silence imposé. la bulle qui explose. et ton coeur qui chavire. foutu destin qui vous réunit. tout le temps. n'importe où. tu devrais me rejoindre, swarek. tu loupes quelque chose. ça prouve que toi aussi, tu l'as reconnu. t'as pas eu besoin de le voir. t'as pas eu besoin de détailler les traits de son visage. pourtant, t'es toujours là. à le fixer. alors qu'il est dos à toi. et y a pourtant ce jeu qui s'est installé. quelques jours que tu l'évites. quelques jours que tu tentes d'oublier cette matinée passée à ses côtés. quelques jours qu'il te hante encore plus. c'est indescriptible. incompréhensible. adem, tu ne dois pas t'en approcher. et pourtant, tu ne peux renier ce qu'il en est.  y a le bruit de l'eau qui résonne à nouveau. tu t'approches du bord. tu t'approches de lui. sans sortir du lac. y a ta raison qui te crie d'arrêter. de prendre tes jambes à ton cou. de t'éloigner de lui. vite. plus vite. mais y a ton coeur qui refuse de l'écouter. ton coeur qui a envie qu'il s'approche. qu'il se retourne. qu'il te contemple. mais t'as peut-être pas les couilles pour ça. tu insistes. tu le provoques. tu l'amènes à céder. à se rebeller. à te prouver le contraire. tu t'attends à ce qu'il te repousse. à ce qu'il s'en aille aussi rapidement qu'il est arrivé. tu t'attends à ce qu'il s'éclipse. à ce qu'il disparaisse. et dwight s'attend sûrement à ce que tu sois plus sage.

tu ne te reconnais pas, frances.
t'es pas la même quand adem est là.
t'es pas celle qu'on voudrait que tu sois.

les gestes répétés qu'il effectue sans trop de réflexion. ancrés dans son adn. ancrés dans son épiderme. y a le chiffon qui traine sauvagement sur la vieille table en bois, l'odeur du produit chimique qui lui titille les narines. c'est machinal, aucune place à la réflexion. adem s'agite assit sur sa chaise, nettoie les armes, les siennes. celles qu'il entrepose dans le plus grand des secrets dans sa vieille cabane en bois. les clics incessants, il remonte, démonte, machinalement. des heures perdues dans le temps, l'atmosphère paisible, le temps qu'il voit pas passer. peut être une heure, voir deux avant qu'il ne s'éveille. avant qu'il ne finisse de ranger pour s'octroyer une pause bien méritée. une goulée, la première, peut être la dernière, devant le vaste océan qui s'ouvre à ses yeux. la liberté et le vent. ce sentiment de liberté, cet air frais. l'été n'a pas encore fait son nid, mais adem ne ressent pas la fraicheur du temps. affublé d'un jean et d'un tee-shirt blanc, comme toujours, comme souvent. alto à ses pieds avant que le canidé ne s'agite, remue la queue avec vigueur pour rejoindre, un peu plus loin, la profondeur de la noirceur. il tique, fronce les sourcils tandis que son corps s'agite. ses pas qui le mène un peu plus loin, suivant de près le chien.

adem s'attendait pas à voir cette silhouette, à apercevoir le dos dénudé de la brune. il est tard. ou pas. swarek n'a déjà plus la notion du temps, de l'heure qu'il est. régulier quand on sait que même son portable est éteint, qu'il trône dans le fond de son sac à dos. pas de réseau, pas d'électricité. il est coupé du monde entier. la voix qui s'élève, tiraillée par la surprise et l'envie de savoir. les sourcils froncés, il plisse le regard, essaie de voir. jusqu'à ce qu'il se rende compte de sa nudité. un mouvement de recule qu'il ne contrôle pas et aussitôt, il se retourne, lui redonne son intimité qu'il a écrasé. ce prénom qui sonne dans son crâne, il y croit pas et à la fois, le voudrait bien. que ce soit elle. alto a rejoint son maitre, à quelques mètres à peine du rivage. swarek attend pas plus de deux secondes avant que la voix de frances ne s'élève, lui redonne de l'oxygène. elle semble pas surprise. pas peureuse non plus. la lune pour seule lumière. il se frotte l'arrière du crâne, rit légèrement à ses paroles, les muscles tendus et le regard qui divague sur la cabane. c'est doux. j'crois pas que ce soit une bonne idée. swarek se demande ce qu'elle fiche là, dans ce coin reculé de sa spring branch bien aimée. il calcule pas les congés donnés, parce qu'il s'en occupe pas vraiment en fait. laisse à robin cette tâche dont il se détache. de toute façon, en moment, le sherry butt l'empoisonne. il s'emprisonne. le lieu qu'il adore et qu'il finit par détester aussi. les bruits de couloirs, cette sensation que quelque chose lui échappe, sans parvenir à mettre le doigt dessus. il entend les bruissements de l'eau, le corps de frances se mouvoir. il ose, reste toujours le dos tourné à la tourmente qui s'agite. cette envie qui te brise le myocarde. tu t'es promis. il se pince les lèvres, sourit un peu plus lorsqu'elle le met au défi. pas les couilles qu'elle a dit. c'est mal. très mal d'y penser, ne serait-ce qu'une seconde et demie. le silence qui s'empare de sa bouche, il y réfléchit. pourquoi t'y réfléchis ? tire toi. guidé par ce qu'il devrait pas, il finit par attraper l'arrière de son haut, le tire. il rejoint le sol, tout comme ses chaussures. idée stupide. idée qu'il regretta surement. cependant, il peut s'empêcher de répondre à ses avances. un bain n'a jamais tué personne. c'est ce que t'aimerai croire. tu m'prends par les sentiments là. le canidé a déjà rejoint les bras de morphée, un peu plus loin, sous la lisière d'un grand chêne. il aurait du faire de même adem. une journée de tranquillité, une journée et une soirée loin des tracas du quotidien pour finalement, se retrouvait dans les abysses des ténèbres qu'il essaie de fuir. y a ses mains qui s'agitent à défaire les boutons de son jean, il le tire, finit par l'enlever entière. la fraicheur hérisse son échine, il se tend tout en se retournant. pas certain de lui.

un pas puis deux, dans l'herbe près du lac. un doigt de pied dans l'eau et un mouvement de recule. elle est glacée la flotte. trop tôt dans les saisons pour s'octroyer un bain nocturne. cependant, il lui donnera pas le plaisir de baisser l'échine, de se tirer. si près du but et si loin à la fois. il ose toujours pas tourner ses rétines vers la brune, fixe l'eau qui s'échoue sur son corps abimé par le temps. quelques minutes avant qu'il ne soit totalement immergé. des grimaces qui tirent ses traits. ça le consume, ça l'irrite. rien que la température aurait dû le faire reculer. t'es barge. elle est gelée. le souffle roque, adem finit par y plonger son crâne, se laisse happer par les biens faits. il ressort un peu après, s'approche lentement de la docile femme à ses côtés. contente ? ses rétines qui sont revenus aux siennes, enfin. il contemple les traits de son visage, la couleur blanchâtre de sa peau. il voit rien de sa nudité dans l'eau et ça le conforte dans son idée. qu'est-ce que tu fais ici ? après tout, y a peu de gens qui connaissent cet endroit. à part ses potes et ses frères. tu m'suis ? ses lippes qui s'étirent en un sourire amusé, un brin charmé. cette idée là aurait pu lui plaire, si elle était pas malsaine. si elle était pas mauvaise.