le fracas incessant qui sonne dans son crâne. pas de répit. pas de silence. ça lui brise les tympans, l'empêche presque de respirer. suffoquant. omniprésent. y a la fumée qui vacille devant son regard bleuté et l'odeur de la nicotine qui lui titille les narines. il inspire, respire la brume qui causera surement sa perte, sans ménagement. parce qu'il peut pas s'empêcher de bouffer toute la nicotine qui traine dans le fond de ses poches trouées. les néons lui font presque mal à la rétine mais il reste là, figé sur son tabouret qui garde précieusement la marque de son fessier, bien ancré. le sien. celui, où toujours, il aime se poser. les habitudes, cette routine qu'adem se force à suivre. une sorte de guide de vie. toujours la même rengaine. le mégot qu'il vient écraser dans le cendrier posé juste à côté, sur le métal du bar encore souillé par les derniers verres ingurgités. pas les siens non. adem ne boit presque jamais. ne laisse pas le venin de l'alcool enivrait ses sens. le rendre plus faible qu'il ne l'est déjà. les heures s'écoulent comme des secondes, pas un mot qu'il ne prononce et il laisse la foule se dissipait. emportait dans son sillage les dernières gouttes d'une soirée trop longue à son goût mais salvatrice des billets verts qui remplissent sa caisse. d'un geste ferme, il se lève enfin, entame cette marche mécanique le menant directement vers l'escalier en colimaçon. il grimpe les marches sans un regard en arrière et une fois sur le palier, pousse la porte de son bureau. le sien. celui d'anton et alec aussi. mais ils ne sont pas là. occupés ailleurs ou bien ici. et dans le fond de ses poches, de ses phalanges meurtries, il attrape le paquet de marlboro sans âme, le carton écorché. la cigarette qui file entre ses lèvres et la fumée qui consume ses poumons.

le brouhaha général a disparu, swarek n'entend plus rien, le regard plongé dans la paperasse qu'il doit finir sur le champ. ou peut être juste que tu te dois de trouver une occupation tandis que ton sommeil se fait la malle. jusqu'au son grincement cuisant d'un porte qui s'ouvre. il tique. fronce les sourcils et relève le nez de ses papiers. le club est fermé, tout le monde est partit et pourtant, il entend des pas menus pénétraient dans son antre. le stylo qu'il jette sur le bureau en bois et sa carrure qui se relève de cette chaise beaucoup trop basse. il attend pas adem, ne cherche pas à poser une question dont la réponse est inutile à ses yeux. du haut des escaliers, il cherche de ses yeux bleus azurs la silhouette de l'inconnue. celle qui vient d'entrer sans demander la permission. dans le fond, près du bar, il l'aperçoit. la pénombre est trop forte pour qu'il puisse distinguer ses traits. il plisse les yeux avant de descendre l'escaliers en colimaçon. le pas lourd, presque rapide, swarek sonne sa présence comme si ça pouvait bien lui faire peur. mais rien. la silhouette n'oscille pas. et c'est à seulement quelques mètres d'elle, que la pénombre se dissipe. que enfin, elle ne dévoile ses traits tirés par une fatigue perceptible. elle est là face à toi. le regard amer et perdu dans les méandres d'une âme brisée par la vie. frances. rien que son prénom prononcé dans ton esprit, ça te donne des frissons, des états d'âmes. des remords dont tu connais pas la raison.

t'es en retard. adem se veut plus froid. plus incitant aussi. mais pourtant, y a son myocarde qui se soulève lorsque enfin, la brune ne tourne le visage vers le sien. ose poser ses yeux assombris dans les siens. elle s'était pas pointée ce soir. avait omis qu'elle avait un boulot. pourtant, swarek n'arrive pas à être en colère contre elle. peut être parce qu'elle porte une tristesse bizarre. peut être parce qu'elle te fait mal là où tu ressens plus rien. l'arrière du crâne qu'il se frotte, les sourcils qu'il fronce avant d'enfin, poser sa voix dans une sonorité plus douce. ça va pas ? qu'il ose demander. pour une fois. parce qu'adem s'inquiète pour tout et pour tout le monde. encore plus lorsque le visage face à lui, porte les traits de l'infini, de la pureté qu'il ne sait pas briser à jamais. quelques pas qu'il effectue avant d'avaler entièrement la distance qui les sépare. dans le fond de ses poches, il en tire son paquet de marlboro. attrape une cancéreuse qu'il coince entre ses lèvres. des yeux, adem ne l'a pas lâché. du regard, il remarque aussi rapidement les bleus qui entachent la peau de son cou, la coupure qui brise l'équilibre presque parfait de sa bouche. qui t'as fait ça ? y a la clope qui s'écrase sur le sol et ses doigts qui s'approche de son épiderme blanchâtre. du bout des doigts, il ose, presque innocemment, toucher la peau de son cou. le bleu béant qui l'entache. dans le fond de ses yeux, il cherche les réponses, l'inquiétude dans les pupilles.

il y a les cris. les hurlements de dwight qui résonnent dans ton crâne. il y a les pleurs. les tiens. ceux qui accusent le coup partit trop vite. ces larmes que tu verses depuis bien trop d'années. il y a la colère du démon et la naïveté de la belle. tu l'as écouté, dwight. comme toujours. il t'a demandé d'aller voir un client. quelqu'un d'important, apparemment. tu l'as écouté. t'as passé ton après-midi avec ce vieux type. et pourtant, dwight n'est toujours pas satisfait. il ne l'est jamais. et quand t'es rentrée. salie par les mains impures qui se sont posées sur ton corps. il s'est vengé. vengé que tu aies été voir ailleurs. vengé que tu te sois donnée un autre. la même rengaine. c'est toujours pareil. il a pris les billets, dwight. et il t'a prise toi. brisée. complètement démunie. enfermée dans cette cage dorée. la maison t'étouffe et tu ne réfléchis pas. la nuit est déjà bien avancée. elle se termine, en réalité. et toi, tu n'as qu'un refuge trouvé. les murs du sherry butt. ta seconde maison. ton havre de paix. alors, tu t'habilles à la hâte. et tu descends les escaliers de la maisonnée. dwight a quitté le lieu. d'abord au club, puis sûrement dans les bras d'une autre. pas encore rentré à cette heure tardive, tu sais qu'il ne le sera pas avant plusieurs heures. quelques heures de liberté.

la ville est calme. elle t'apaise. il ne te suffit que de quelques minutes avant d'arriver à ta destiné. ça fait cinq ans que tu y travailles. cinq années que tu mens en souriant. encore plus qu'avant. cinq ans que tu es complice des secrets de dwight. une vie à le couvrir et à l'aimer. tu te penses seule. t'as les clés parce qu'il n'est pas rare que tu sois la première arrivée. t'as les clés parce qu'il n'est pas rare que tu sois la dernière à quitter les lieux, aussi. ton échappatoire. l'endroit où tu es toi. seulement toi. protégée par ces murs. protégée par ceux qui n'ont aucune idée de ce que tu vis. ils ne savent rien. ils n'imaginent pas. ils ne le doivent pas. t'as toujours été assidues, frances. tu n'as que très rarement loupé une soirée de travail. parce que pour toi, ce n'est pas un travail. parce que pour toi, c'est une façon d'être libre. une façon d'être reposée. tu viens directement prendre ta place derrière le bar. les clients ont laissé le club à l'abandon. le ménage pas encore fait. tu t'imagines seule. et tu ne trouves qu'à faire un peu de rangement pour te vider l'esprit. pour t'apaiser. pour te sentir moins faible. comme si tu étais chez toi. comme si tu te sentais invincible entre ces murs. tu ne sursautes même pas lorsque tu entends les bruits de pas dans l'escalier. là où tu ne te rends que très rarement. le bureau des swarek. tu sais qu'il s'agit de l'un d'entre eux. tu sais qu'il ne s'agit que de l'un d'entre eux. et ça ne te fait pas peur. ils te font moins peur que dwight.

les mots sont froids. mais véritables. en retard, c'est peu dire. le son de sa voix te fait tressaillir. plus que tu ne le voudrais. plus qu'il ne le faudrait. je sais, j'suis désolée. un murmure. et ton regard qui l'évite. tu t'es retournée, tu l'as croisé. mais toi, tu ne sais pas rester plonger dans ses iris plus que quelconques secondes. tu ne l'expliques pas. adem te déstabilise. ce néant dans lequel tu plonges lorsqu'il s'approche. ne pas flancher. si si. tout va bien. j'ai seulement eu un imprévu. enfermée dans ta prison. enfermée dans une chambre que tu partages parfois avec dwight. c'est compliqué. bien trop pour que tu puisses l'expliquer. toi même tu n'y comprends rien. alors, de là à l'avouer. de là à mettre des mots sur tout ça.

et finalement, il y a des pupilles qui se relèvent.
et ses iris que tu vois se poser sur ton cou.

un pas en arrière alors qu'il a avalé la mince distance qui vous séparait jusqu'à maintenant. un pas en arrière alors que ses doigts viennent effleurer l'hématome. le genre d'erreur que tu ne fais jamais. tu as l'habitude. tu as appris à masquer les coups. tu as appris à ne plus trembler lorsqu'on te touche. mais pas ce soir. inconsciente. personne. tu souffles. le ton est plus froid que tu ne l'aurais voulu. il impose le silence. les questions auxquelles tu ne veux pas répondre. j'suis tombée dans les escaliers en début de soirée, avant de venir ici. une histoire complètement idiote, hein ? j'pensais que dwight te préviendrait de mon absence. des mensonges. encore et toujours.

et pourtant, y a cette vérité qui te brûle les lippes.
cette vérité que tu voudrais avouer.
à adem.
juste à lui.

une inspiration, et tu trouves un peu de contenance. ton corps qui se détache du comptoir salvateur qui te servait de rempart. une éponge dont tu viens te saisir pour commencer à nettoyer le bar. j'vais ranger un peu tout ce bordel. ça compensera mon absence de ce soir. un sourire timide vient étirer tes lippes. ne cherches pas à en savoir plus, adem.

cette flamme qui brûle dans le fond de son estomac. cette facilité qu'il a, à poser ses pupilles sur ses courbes dociles, sans un bruit, juste par habitude, juste parce qu'il en ressent le besoin. il devrait pas, adem, s'infliger la torture des maux silencieux, ceux qui trahissent une faiblesse qu'il voudrait contrôler. le mécanisme est bien huilé, des années que ça dure, des années qu'il se tait. pour son ami. pour celui qu'il pense être son ami. bien loin d'imaginer ce qu'il se trame dans son dos, ce que dwight a fait de son club, si précieux à ses yeux. l'armée lui a pourtant apprit à toujours regarder dans son dos, à se méfier des âmes torturées comme les siennes. mais adem a fini par oublier. trahit par une confiance aveugle qu'il porte à ceux qu'il considère comme sa famille. trop lasse d'une vie sur la rotule, à toujours surveiller le moindre faits et gestes des humains, swarek a fini par lâcher prise. lâcher ce qui le tient pourtant, droit debout, comme un "i" sur ses deux jambes. personne ne peut le trahir, personne n'oserait, n'est-ce pas ? pourtant, la preuve même de cette confusion se trouve sous ses yeux, à l'instant où il dévale les escaliers du sherry butt. dans la pénombre d'une matinée sans soleil, l'odeur vaporeuse des liqueurs pour compagnie.

la voix froide, les paroles intrusives. il regrette ses mots à l'instant même où il l'est à prononcer. ce n'est pas dans les habitudes de la brune de louper un service, encore moins de se pointer à une heure pareille. bien loin d'imaginer l'absurdité de ce qu'il vient de dire. après tout, adem ne connait pas l'histoire. il ne l'a connait pas non plus, frances. pourtant, y a comme cette sensation de déjà vu qui le traverse. comme si elle avait toujours fait partit du paysage, qu'importe le lieu, qu'importe le moment. la belle s'oppose à cette confrontation du regard, tourne l'échine, le repousse sans même qu'il n'est encore fait un pas vers elle. elle élimine d'entré de jeu la voix. il peut pas lui en vouloir. adem devrait faire pareil. il aurait dû. mais son esprit est vide de sens, il ne contrôle pas ses gestes, se laisse guider par son palpitant. les excuses qui viennent, platement et l'inquiétude qui traverse ses traits. les pas, un, deux, trois jusqu'à avaler la distance imposée, trop oppressante tout à coup. elle ne sait pas mentir frances, y a les tiraillements de son épiderme qui parlent pour elle. les lèvres qu'il se pince. un imprévu ? il aimerait la croire. il aimerait boire ses paroles sans osciller les sourcils. de quel genre ? il pose des questions, ne devrait pas, ça ne le regarde pas. mais il peut pas s'en empêcher. et tu cherches, tu grattes la surface, l'acier qu'elle a forgé autour d'elle comme une carapace. les pupilles qui se rencontrent enfin, le coupure aux lèvres que tu remarques.

jusqu'à l'hématome violet dans son cou. les paroles, les questions en suspens, ça ne l'intéresse plus tout à coup. les doigts qu'il lève lentement et sur sa peau, il y dépose la pulpe de son majeur. ose à peine, ne se retient pourtant pas. mais frances recule, frances refuse cette proximité. il cligne des yeux, se rend compte de la connerie dans laquelle il vient de s'engouffrer sans même réfléchir. adem secoue vivement la tête, se racle la gorge prudemment avant de détourner le regard, avant de se mettre à contempler un néon sur le point de suffoquer. il l'avait pas remarqué jusqu'à maintenant. il s'en fichait. juste un point invisible, un repère. et frances continue de lui balancer les pires mensonges du monde. elle croit sincèrement que cette histoire est plausible. et adem finit, par le croire aussi. ou fait simplement semblant. ouais. complètement idiote en effet. les mots qui sifflent entre ses lèvres alors que lentement, swarek ose enfin tourner les pupilles vers la brune. comme si un escalier avait des doigts. qu'il finit par balancer, montrant la trace violine autour de son cou. elle en portait tous les maux. l'empreinte fraiche d'une phalange impure. et dwight ne m'a rien dit. d'ailleurs, je l'ai pas vu de la soirée. et comme si en un instant, l'atmosphère s'était transformée en glace. il l'aime son ami, tient à lui profondément, mais y a comme l'odeur du mépris qu'il traine dans son sillage. celui du mensonge. adem n'est pas dupe. il n'est pas idiot. il préfère se voiler la face jusqu'à l'explosion. le bénéfice du doute. frances s'affaire. frances revient à ses occupations. il se sent comme un con et finit par faire le tour du bar, prenant place sur un des tabourets, tandis qu'elle nettoie. il devrait sans doute s'en aller. la laisser à ses obsessions, ses états d'âmes. mais adem n'y arrive pas.

arrêtes. l'instincts de protection vivace, qui s'en va jamais. il ne calcule pas ses gestes, repose ses doigts sur les siens, stoppant ainsi le mécanisme qu'elle engendrait. t'as pas besoin de rattraper quoi que ce soit. on s'en occupera demain. ses yeux qui cherchent les siens, l'approbation qu'il attend. ok ? une inspiration qu'il prend, à plein poumons, avant de retirer ses phalanges des siennes. prudemment. sans mouvements brusques. la soirée a été longue pour tout le monde j'pense. il se pince l'arrête du nez, cligne plusieurs fois des yeux tandis que la fatigue s'immisce dans ses veines. je t'offre le petit déj ? un sourire timide qui tire ses traits. il ne lui laisse pas vraiment le choix. espère qu'elle acceptera. une main tendue, il a pas posé de questions. attend des réponses, mais ne poussera pas la belle dans ses derniers retranchements. il est pas comme ça adem. intrusif. même si l'envie lui démange le palpitant.

tu ne devrais pas, frances. le laisser s'approcher. le laisser te sonder. adem est ton point faible. adem peut te faire vriller. les traits tirés par la fatigue et les regards qui n'osent s'affronter. tu ne le connais pas vraiment, le blond. vous n'avez jamais échangé plus de quelques mots. pas plus qu'il n'en faut. pas plus que dwight pourrait le tolérer. il est jaloux. possessif. même lorsqu'il s'agit d'un ami. encore plus lorsqu'il s'agit d'adem. est-ce qu'il a remarqué à quel point ton palpitant s'emballe lorsqu'il entre dans la pièce ? tu n'y connais rien, frances. tu n'as jamais appris. il n'y a toujours eu que dwight dans ta vie. et pourtant, depuis cinq années, adem est comme l'épée de damoclès au-dessus de ta tête.

une vie cachée. une vie mensongère. pour te protéger. pour le protéger. c'est sale. malsain. et ça n'aurait jamais dû arriver. pourtant, tu ne peux t'empêcher de tout faire pour qu'il ne tombe pas. personne ne doit savoir. alors, tu t'enfonces à sa place. tu t'enfonces pour qu'il ne coule pas, dwight. tu laisses les mots s'échapper et les mensonges se former. une histoire toute faite. balancée à une personne que tu espères naïve. et tu sombres, frances. dans la douleur de la protection. dans ces mots que tu n'as pas réfléchis. un imprévu. une chute dans un escalier. rien de bien grave. rien qui puisse être avalé. ce contact physique tu évites. pour son bien. pour ton bien. la pulpe de son majeur qui vient appuyer sur l'hématome violacé. encore frais. nouveau trophée de dwight. nouvelle preuve de sa détermination. de ta soumission. oh. ça ? c'est pas une marque de doigt. ça y ressemble. mais ça n'en est pas une. c'est dingue ce qu'un escalier peut laisser comme trace. un léger rire. tu ne sais pas mentir, frances. tu n'as jamais su le faire. encore moins quand la vérité te brûle les lippes. encore moins quand adem se tient devant toi. pourquoi lui ? et pourtant, tu ne peux pas t'en empêcher. tu ne peux pas avouer. baisser les bras. trahir dwight. ton sang se glace lorsque son prénom est évoqué. il n'est pas venu. et tu regrettes presque d'avoir quitté la maison. tu regrettes de t'être échappée. ton visage livide. les mains tremblantes et la raison qui s'échappe. tu préfères ne pas répondre. ne pas te trahir d'avantage. la gorge nouée et ton regard qui n'ose toujours pas le regarder. tu marmonnes encore quelques excuses et préfères retourner à tes tâches. t'es venue pour ça, après tout. pour te faire pardonner. pour laisser ton esprit vogué vers d'autres horizons. t'es là pour oublier.

ça t'arrangerait qu'il s'en aille, adem. qu'il s'éloigne et te laisse avec tes états d'âmes. tu voudrais qu'il parte. qu'il ne se mêle pas d'avantage à ce que tu ressens. ta faiblesse. et cette main qui t'arrête. le contact de sa peau contre la tienne. un bref instant. suffisant pour qu'il laisse une emprunte chaude contre tes phalanges. non. alors, tu secoues doucement la tête. j'dois m'faire pardonner. tu couines presque. tu ne veux pas le décevoir, adem. lui faire penser que tu te fiches du club. que tu t'en éloignes. tu ne veux pas qu'il pense que tu le lâches. ce n'est pas le cas. ça ne sera jamais le cas. et c'est une phrase qui pourrait paraître anodine. une phrase que tu as trop souvent prononcé. te faire pardonner des erreurs que tu commets bien trop souvent. te faire pardonner de ne pas t'être investie autant qu'il l'aurait voulu. te faire pardonner d'être à la merci de son ami. est-ce qu'il sait, adem ? qu'il n'y a que des promesses cachées. est-ce qu'il sait ? que cet ami lui plante chaque jour un peu plus profondément un couteau dans son dos.

d'accord. tu capitules finalement. ton regard qui quitte finalement ta main, laissée nue par ses phalanges. tu ne peux pas lui refuser ça. tu ne peux pas te refuser d'être avec lui. juste quelques minutes de plus. un peu de calme. avant la tempête. mais je voudrais qu'on reste ici. tu veux bien ? parce qu'ici, tu te sens en sécurité. parce que l'extérieur te fait peur. parce que croiser dwight alors que tu es avec adem t'effraie encore plus. tu lâches finalement l'éponge, viens t'essuyer les mains et prend finalement un peu de courage dans une inspiration. quoi que, je ne suis pas certaine qu'on trouve quelque chose à manger. tu hausses doucement les épaules et viens passer une main dans tes cheveux. chez toi ? pourquoi cette question ? pourquoi cette soudaine envie de t'immiscer dans son intimité ? là où tu n'as jamais osé te rendre en cinq années. pas plus de quelques mots échangés. des regards discrets et des sourires timides. il est ton patron. seulement ça. et ton teint qui passe du livide au pourpre.

t'es bien ici.
mais tu sais que tu seras encore mieux chez lui.
parce que adem il t'inspire confiance. parce que adem, il ne ressemble pas à dwight. il a l'air pur. il a l'air sincère. et toi, tu plonges tête la première.

il aurait dû les reconnaitre. les signes. ces foutus signes qui veulent tout dire. les marques qui entachent son corps. seulement adem, il veut pas se rendre à l'évidence de ce qu'il redoute. son cerveau ne fait pas la liaison tellement elle est impensable à ses yeux. un brin de pudeur aussi. un brin de il ne sait quoi. pas ses affaires. pourtant l'envie est pressante dans le fond de son palpitant. elle résonne comme l'écho d'une vérité qu'il se doit de pointer. frances ment. frances fait semblant. elle est trop douce pour ce monde, trop pure pour trainer dans le coin. pour se balader aux bras de dwight aussi. à tes bras aussi. elle élude les questions, répond ce qui lui passe sans doute par la tête et adem finit par lâcher prise. ne pose plus aucunes questions à ce sujet. elles sont trop douloureuses dans les yeux de la brune.

y a son cul quoi s'est posé sur le tabouret. à peine un instant qu'il a mit avant de craquer. avant que ses mouvements n'entament ce mécanisme qu'il voudrait contrôler. mais impossible. c'est comme deux aimants qui s'attirent, deux aimants qui se repoussent aussi. le bout des doigts qu'il pose sur sa main fébrile, à peine quelques secondes, juste le temps de sentir la chaleur de sa peau. elle stop ses gestes, il ordonne qu'elle cesse. y a pas de brutalités dans ses paroles, pas de méchanceté. il est tard. ou tôt. qu'importe. la nuit n'a pas encore laissé ses traces dans l'esprit d'adem. il perd le fil des jours qui s'enchainent. la main qu'il a à présent retirer et frances qui clame le besoin de se faire pardonner. ça lui arrache un sourire, un rictus amusé. t'as pas besoin de te faire pardonner. ses pupilles qui cherchent les siennes. les vivaces. celles dans lesquelles il aiment se perdre, s'émerveiller aussi. elle est unique frances. elle s'en rend même pas compte tellement elle se referme dans ce qu'elle croit être. tu crois qu'ada fait ce genre de chose quand elle n'est pas là ? elle est pas l'exemple du salarié idéal ada, mais adem s'est fait à cette idée. bien loin d'être le patron tyrannique qu'on prétend, bien loin d'être cet homme intransigeant. seulement par moment. il a le coeur sur le main, le besoin d'aider. racheter tes fautes. celles qui t'enlacent tous les soirs. la nuit tombée. lorsque tes paupières se ferment pour t'enfermer. un léger rire qui s'échappe d'entre ses lippes. elle s'en fou royalement. t'as pas besoin. j'te promets. les promesses, celles qu'il clame haut et fort parce qu'adem les tient. toujours. même celles qui blessent, même celles qu'il déteste.

l'arrête du nez qu'il s'est coincé entre les doigts et la question qu'il pose enfin. elle lui est passée par la tête en un éclair, swarek n'a même pas prit le temps d'y réfléchir sérieusement. peut être qu'un brin de lui se disait déjà qu'elle dirait non. il y croyait pas. jusqu'à entre ce oui, de vive voix. il répond pas sur le moment, laisse le fil des pensées de la belle se frayaient un chemin. il voit la réflexion menait son bout de chemin. dans ses pupilles. parce que lui, il l'a pas lâché d'un fil. son regard qui scrute le moindre de ses traits, même ses imperfections semblent plus belles que le reste. la suite le fait sourire, foncer les sourcils. ici ? quelle drôle d'idée. un club de strip, pas de quoi déjeuné. mais adem, il a pas le temps de rétorquer. pas le temps d'en rajouter. ce qu'il redoutait et ce qu'il enviait, d'un coup de cil elle l'achève, d'un coup de parole, elle le téléporte. il s'attendait pas à ça. ou peut être que si. dans tes rêves. ceux que tu ne fais que très rarement, mais qui sont là quand même. chez moi ? il se répète la question. pas sûr d'avoir bien tout saisi. comme si son loft et frances ne faisait pas une bonne équation. h'm. ses doigts qui craquent l'arrière de son crâne, le doute qu'il laisse planer avant, de finalement, se relever. le sol qu'il retrouve de ses deux pieds. ok. j'suis pas certain d'avoir tout ce qu'il faut pour le petit déjeuné, mais on trouvera bien. sourire nerveux qu'il affiche, parce que ça fait des jours qu'il est rentré chez lui. adem, y a qu'au sherry butt qu'il se sent vraiment comme à la maison.

la clope entre les lèvres, la fumée qui pollue l'oxygène dans l'habitacle étroit de sa mustang shelby. le soleil vient à peine de se lever, ça lui brise les rétines et il s'est affublé, d'une paire de lunette de soleil. la radio éteinte, on entend que le ronronnent du moteur. le silence n'est pas pesant, il est relaxant. ils ont jamais été bien bavards frances et adem. pas l'occasion de discuter, peut être pas l'envie non plus de s'y risquer. le trajet dure à peine quelques minutes, pas de quoi entamer une discussion profonde. la clope consumée, il jette le mégot sur le macadam brûlant en cette douce matinée, entame le trajet vers son appartement, dans ce long couloir. l'immeuble n'est pas bien grand, adem préférait la solitude d'une maison, mais en vrai, il s'en fiche complètement. de sa poche, il en sort les clés, ouvre lentement la porte de son appartement. je t'en pris. fais pas gaffe au bordel. j'suis pas rentré depuis des jours. il la laisse passer en premier, un brin de galerie. c'est sa mère qui lui a apprit. avant de lui emboiter le pas, avant de refermer la porte dans leur dos. y a l'odeur du mâle cuisant dans cet appartement, la laisse vagabonder au grès de ses envies.

elles sont souvent là. les marques. elles font partie de toi. tu vis avec. n'y fais même plus attention. grave erreur. cette fois, tu as oublié de les masquer. cette fois, tu as omis de les camoufler. et les excuses fusent. les mots défilent. incohérents. autant que toi. tu ne sais pas mentir, frances. tu n'as jamais su. tu caches. tu évites d'entamer une conversation au sujet houleux. mais tu ne mens que très rarement. ce n'est pas dans ta nature. pas dans ta façon d'être. et pourtant, tu continues à le protéger. dwight. tu continues à faire ce qu'il te demande. parce que tu lui dois trop. c'est ce que tu te répètes. tout le temps. tous les jours. mais il y a adem. sa discrétion. et ce lien que tu n'expliques pas. des questions qu'il tait. et toi, naïvement, tu espères qu'il a cru à ton histoire. pas d'autres questions. pas d'autres mensonges.

ça te prend aux tripes, frances. d'avoir été absente, ce soir. de t'être abandonnée à tes sentiments. enfermée dans ta cage dorée. meurtrie par cette fragilité. tu aurais pu te relever. tu aurais pu exiger qu'il te laisse partir. au moins pour travailler. au moins pour t'exiler. parce que le sherry butt t'offre cette paix que tu n'expliques pas. parce que le contact des doigts d'adem sur ta main t'apaise immédiatement. des regards qui se croisent et s'évitent. un jeu maladroit. deux personnes qui ne se connaissent quasiment pas. et qui pourtant se côtoient au quotidien. tu l'évites, la plupart du temps. ce patron qui te déstabilise. un contact bref. mais qui suffit à te canaliser. ce n'est pas pareil. ce n'est pas comparable. t'es loin d'être une employée modèle, mais ada l'est encore moins. d'ailleurs, la comparaison vient étirer tes lippes. comme une vanne balancée. tu sais qu'adem ne vous compare pas réellement. parce que toi, t'es toujours là. fidèle au sherry butt. fidèle à dwight. et probablement, un peu trop fidèle à adem, aussi. t'es jamais bien loin. toujours prête à répondre au besoin. multifonction. barmaid, serveuse ou femme de ménage. la seule chose que tu ne fais pas au club, c'est de te déshabiller. tu l'fais bien assez, après tout. ada fait bien ce qu'elle veut. et moi aussi d'ailleurs. débarrasser un peu tout ce bordel pour vous aider, ça me fait plaisir. pour l'aider, lui. surtout. et c'est peu dire. si tu t'es dirigée au sherry butt, ce n'est pas pour rien. pas seulement pour te faire pardonner pour ton absence. mais aussi, et surtout, pour t'éloigner de l'appartement.

alors, quand il retire ses doigts, t'es prête à reprendre tes tâches. jusqu'à cette question posée. une proposition à laquelle tu ne t'attendais pas. la réponse n'attend pas. y a pas d'hésitation. ta langue se délie. y a cette peur d'être surprise avec lui. mais l'envie pressante de ne pas refuser. tu en as envie, frances. de ce petit-déjeuner à ses côtés. et finalement, il accepte. et ça, tu ne l'avais pas espérer. l'idée délirante de te retrouver chez lui. seule. si dwight l'apprenait. il vous tuerait. l'idée chassée et le sourire qui vient reprendre place sur tes lèvres. t'es étonnée qu'il ne réfute pas l'idée. adem, il aurait pu se rétracter. tu verras. je sais faire des merveilles avec ces dix doigts. le geste qui appuie tes dires. tu lèves tes deux mains et les agitent sous son nez. pas consciente de la phrase balancée. pas consciente du sous-entendu qu'il pourrait interpréter. quand tu oses enfin parler, y a rien pour t'en empêcher.

ce n'est pas long. la route entre le club et chez adem. quelques minutes à peine. un trajet silencieux. mais pas de questions qui te montent à l'esprit. tu scrutes le paysage sans vraiment y faire attention. juste quelques visages que tu détailles pour vérifier qu'aucun d'entre eux ne soit dwight. y a cette odeur de nicotine. une odeur à laquelle tu es habituée, maintenant. et les pas lourds de deux personnes fatiguées qui résonnent en écho dans la cage d'escaliers. ça brise le silence de ce début de matinée. c'est pas une excuse servie dès qu'un homme invite une femme dans sa garçonnière ? tu souffles. la voix légèrement rauque par le silence qui s'était imposé. tu te laisses guider. viens entrer dans son appartement. un coup d'oeil. c'est pas si pire. que tu te dis. y a ta veste qui s'échoue déjà sur le canapé et les talons qui ne claquent plus sur le parquet. tu te mets à l'aise. comme t'as l'habitude de le faire. tu n'as pas franchement l'habitude de la bienséance. on ne te l'a jamais appris. surtout pas dwight. d'habitude, t'es juste bonne à entrer puis à te déshabiller. soit simplement belle, et bonne, frances. un élastique à ton poignet. tu viens attacher tes cheveux tout en te dirigeant vers la cuisine. bon. voyons ce que tu as là. les quelques placards que tu ouvres. tu déniches ici et là des aliments. fixée dans ta tâche. encore une fois dans ton monde. tu te comportes comme si tu étais déjà venue. comme si tu étais une habituée des lieux. une parfaite ménagère. tu devrais rentrer plus souvent, tu sais. c'est pas très sain de passer des journées entières au travail. tu dis ça comme ça, frances. sans trop y avoir réfléchit. sans trop le penser, aussi. parce que t'es pas un bon exemple. parce que t'as rien à dire, toi. t'as aucune vie. rien de bien palpitant à faire. et si tu le pouvais. toi aussi tu passerais tes journées entières au club. d'ailleurs, depuis quand tu n'as pas mangé un vrai repas ? ton regard qui quitte tes tâches. tes yeux qui le détaillent. peut-être un peu trop longtemps, d'ailleurs.

des jours entiers qu'il y a pas remis les pieds. dans ce fameux appartement. dans son antre. celles des souvenirs. adem y garde ses plus lourds secrets, tout ce qu'il a bien pu amassé. des photos, des tas. de ses frères, de sa mère. de son chien alto. de ses frères morts au combat. un vaste loft qu'il s'est offert pour une somme modique, en même temps que le sherry butt. lieu qu'il a retapé de ses dix doigts. parce qu'adem c'est un manuel. il fallait bien apprendre. un ranch laissé à l'abandon quand il était un gamin. un père mort et enterré, une mère aux abois. y avait pas le choix. de ses années de galère, il a apprit une chose, se débrouiller par lui même. avec le peu de moyen qu'il avait. et qu'il a toujours. ce n'est pas parce que c'est un patron de strip club qu'il croule sous les billets verts. bien loin du compte sont ceux qui pensent cela.

elle roule des yeux, montre ses talents de ses dix doigts. l'allusion, il la loupe pas mais préfère comme réponse, le sourire timide qu'il lui offre. il sait pas faire avec elle, se sent enfermer dans un esprit, un corps qu'il reconnait pas. adem se mort la lèvre supérieure, décide de lever son postérieur. enlève la douce de son bar, de son comptoir. de ses rêveries enfantines. il a accepté sur un coup de tête. l'envie qui lui brûlait l'estomac. celle de l'avoir près de lui. juste une seconde. un instant. à peine le temps de battre des cils. la porte qu'il a ouverte lentement, laissant s'évaporait l'odeur de la testostérone et d'un appartement à peine aéré. elle est entrée comme on entre dans une vie, simplement, en toute beauté. la poignée qui lui a filé entre les phalanges, le claquement de la porte pour signal et le canidé ne met pas une seconde plus à se ramener. la queue qui virevolte dans l'appartement, l'empressement d'une caresse qu'il attend. adem s'exécute, ne laisse pas entendre son cher ami, fourrant ses doigts dans ses poils, lui donnant toute l'attention qu'il attend. durant un instant. suspendu dans le temps. son chien. alto. celui qui est resté avec lui tout au long de ses dernières années d'armée. son plus fidèle ami. c'est pas une excuse toute faite non. son attention à quitter les traits de frances, pour une seconde à peine, le temps de profiter de son chien. l'affection qu'il lui offre en pâture. elle l'a déjà vu le canidé, au sherry butt. il le suit comme son ombre et adem aime l'avoir près de lui de temps à autre. un sifflement qui sort d'entre ses lippes tandis qu'il relève sa carcasse fatiguée, fait au chien, le signe d'aller se coucher. les pas de la belle qui la guident jusqu'à la cuisine. pas bien grande, ni trop petite. mais surprise de voir que les placards sont bien vides. adem l'avait prévenu. y a pas grand chose à se mettre sous la dent dans cet appartement. j'suis pas certain que t'arrives à faire quelque chose de mangeable avec ce qu'il y a. ma foi. elle semble pourtant avoir tirer des aliments. des restes de il ne sait quoi. du regard, adem suit ses gestes, s'empresse de la rejoindre dans le coin reculé de la cuisine. les doigts qu'il dépose sur la poignée du frigo, l'ouvrant avec attention à la recherche d'une boisson quelconque. la nicotine lui a rendu la gorge sèche, avide de liquide. une bouteille de lait entamée. il l'attrape, renifle le contenu comme si elle pouvait être périmée. pas de grimace, pas d'odeur bizarre. sans attendre plus longtemps, swarek boit son contenu, laisse le lait couler jusqu'à son estomac tandis que d'une oreille attentive, il écoute la douce. d'un revers de main, il s'essuie les lèvres, reporte ses yeux bleus vers la belle. j'en ai pas l'souvenir. le plus souvent c'est anton qui me rapporte un truc de chez smokey. les grillades. les sales trucs qu'adem s'enfile à longueur de journée, parce qu'il adore ça. n'a jamais su cuisiner. ni pour lui, ni pour personne. la bouteille de lait qu'il repose dans le frigo, referme la porte aussitôt. on a pas tous la chance d'avoir une frances à la maison. phrase qu'il regrette à l'instant même où elle est sortie d'entre ses lippes mais il peut pas s'empêcher d'accompagner un sourire. t'es complètement con. complètement dingue.

il s'approche lentement, détourne le regard de ses pupilles pour pas flancher, parce que c'est mal de la regarder. tu prépare quoi du coup ? il fronce les sourcils, contemple sa préparation sur le plan de travail sans vraiment y porter attention. tu veux de l'aide ? mouais. même s'il ne croit pas en son talent, au vu de la grimace qu'il lui sert. ma mère détestait quand je lui filais un coup de main en cuisine, j'avais toujours tendance à foutre le feu ou un truc comme ça. y a ce sourire, cette illumination dans le regard quand il parle de sa mère. les souvenirs sont joyeux tandis que les mauvais semblent s'estomper au fil des années. parce qu'elle reste son joyaux, le plus fabuleux des cadeaux. malgré, les hautes, les bas. maman dépassée. mais maman quand même. tu sais, si t'as des problèmes, tu peux m'en parler. il l'avait pensé à haute voix. ne réalisait pas complètement que c'était sortie de sa bouche. les pupilles qu'il tourne vers la brune. pas qu'il regrette un instant. y a toujours cette tâche violette qui lui fait de lieu, marquée dans son cou. marquée de son épiderme. et ça lui fend le coeur de constater que c'est pas ce fichu escalier.

y a son loft que tu découvres. une partie de son intimité. un pas en avant et tu pénètres comme par habitude dans l'appartement. tu n'y avais jamais mis les pieds. tu n'y avais même jamais songé. parce qu'il est l'interdit, adem. parce que t'as jamais pensé à lui adresser plus que quelques banalités. pas en public. et encore moins en privé. son regard que tu n'as jamais su affronter. et les joues rougissantes quand il ose te complimenter. c'est rare. mais ça arrive. une bonne soirée et un défi à relever. un regard balancé à alto. son fidèle ami. bien plus que dwigt peut l'être, en tout cas. une légère caresse comme tu as l'habitude de le faire. c'est discret. timide. t'aimes les chiens. et celui-ci ne déroge pas à la règle. mais finalement, ta silhouette s'écarte rapidement. tes pas te mènent jusqu'à la cuisine. tu ne fais pas attention au bordel. tu le prends au mot, adem. tu ne regardes pas. comme des œillères qui masquent le tout. comme cette docilité qui te caractérise beaucoup trop. t'es déjà l’affût d'aliments. ton objectif en vue. ne me sous-estime pas. t'es capable de tout, frances. en matière de cuisine, en tout cas. d'ailleurs, tu t'affaires déjà la tâche. les placards vidés. un bordel s'ajoute sur le plan de travail. ce n'est pas très sain. tu souffles, le pointant avec une cuillère en bois. loin de toi l'idée de lui faire une leçon de moral. pas ton genre. t'as rien à dire. tu devrais faire attention. d'ici quelques années, tes abdos en acier vont se transformer en brioche chocolatée. une légère moue sur le visage. ça serait dommage. que tu te retiens d'ajouter. mais tu t'rends compte de ta connerie. de cette phrase balancée. pas si innocente que ça. alors, y a tes joues qui s'enflamment et ton regard qui dérive. d'avantage encore lorsque adem ouvre la bouche. une chance. t'en es pas sûre. t'es plutôt un boulet, frances.

alors, tu ne relèves pas. tu préfères ne pas le contredire. ne pas assumer le fond de ta pensée. parce que, tu ne le fais jamais. tu dis oui à tout, frances. mais surtout à n'importe quoi. le sang toujours aux joues, tu viens ouvrir le frigo pour prendre la bouteille de lait délaissée. gestes que tu répètes. ton nez au-dessus de la brique pour t'assurer de sa conservation. tu farfouilles encore un peu. prends des oeufs. vérifies la péremption. la porte du frigo que tu refermes pour finalement revenir au plan de travail. des pancakes. et une omelette. un petit-déjeuner digne de ce nom, selon toi. c'est pas tous les matins que tu fais ça. mais quasiment. pour toi, il est hors de question de te coucher le ventre vide. et encore moins de te lever sans manger. la bouffe, ta vie. j'suppose qu'avec le club, tu as quelques notions de sécurité en cas d'incendie ? à sa tête, t'es pas certaine qu'il arrive à assurer. pas certaine qu'il réussisse à s'approcher du feu. pas certaine qu'il puisse rien qu'éteindre cet embrasement qui sévit en toi. hm. très bien. tu n'as qu'à casser les oeufs. et préparer un peu de café, aussi. tu peux ? tu détournes finalement le regard de la pâte à pancake. viens poser tes yeux sur lui. un léger battement de cils pour le convaincre. pour lui donner une certaine assurance. peu importe pour quelle raison. tu ne restes pas longtemps ainsi. tu n'as pas le droit, frances. tu n'as pas le droit d'le dévorer comme ça. de le voir. de l'espérer.

j'vais bien, adem. j'ai aucun problème. le ton plus froid que tu ne l'aurais voulu. t'as espéré qu'il oublie. t'as espéré qu'il ne creuse pas plus. des questions qu'il avait tut. tu n'as pas envie de t'expliquer. mais surtout, tu n'as pas envie de lui mentir. tu secoues la tête, viens lui sourire. pour t'faire pardonner. pour qu'il accepte ce ton employé. ce n'était qu'un accident. un coup partit trop vite. par ta faute, probablement. parce que tu n'es pas comme il le voudrait. parce que tu ne réponds pas à ses attentes. une poupée. tu ne le mérites pas, dwight. et adem, encore moins. un coup d'oeil jeté vers lui. une moue exagérée, mimant l'agacement. attends. tu viens avaler la distance qui vous sépare. sans y réfléchir. sans calculer tes gestes. sans en calculer les conséquences. tes doigts qui viennent s'emmêler aux siens. en faisant comme ça, tu prendras moins le risque de laisser tomber des coquilles. les paroles qui se lient au geste. et ces quelques secondes où tu n'oses pas le regarder. et ces quelques secondes où tu n'oses plus bouger. pour ne pas briser ce contact.

avoir un corps sain dans un esprit sain. adem n'a jamais été ce genre de personne. parce qu'il a pas le temps de faire attention, parce qu'il en a pas envie non plus. on n'a qu'une seule vie. pourtant, le jeune homme est du genre sportif et heureusement, c'est ce qui le sauve dans le fond. le besoin de taper dans quelque chose plutôt que dans la gueule de quelqu'un. l'adrénaline qu'il canalise, la violence qu'il voudrait bien éteindre. elle reste, tapisser là, dans ses tripes, attend sagement, le moment propice. celui dans lequel il ne sera plus le même. c'est sans doute pour cette raison qu'il la laisse sortir, dans de rares occasions. le boulot de mercenaire qu'il a prit pour la laisser l'envahir, submerger par ce flot d'émotions. mais aussi parce qu'adem a toujours l'armée dans le sang. ce besoin viscérale de se sentir utile, dans n'importe quoi situation, pour n'importe qu'elle raison. qu'on se le dise, c'est pas le meilleur des remèdes. mercenaire, c'est pas soldat. le choix, là tu l'as. mes abdos en acier ? il lui repose la question, un brin taquin tandis que les traits de son visage se tire en un sourire amusé. pas qu'adem se dévêtisse si aisément, d'ailleurs, il garde tout le temps son tee-shirt. d'où sa question. comment le sait-elle ? le joue sur ses rouges, adem se rend contre qu'elle semble gêner, change le fil de la conversation. complimente la brune sur ses talents.

les corps qu'à quelques centimètres l'un de l'autre à présent -le breuvage du lait aillant bien calmer l'irritation de sa gorge-, adem laisse ses yeux vagabondaient sur les ingrédients sélectionnés. elle s'affaire, semble savoir ce qu'elle fait ce qui le rend totalement admirable. incapable en cuisine, s'il y a bien une chose qu'il ne fait pas, c'est ça. les souvenirs s'emmêlent rapidement. y a les longs cheveux de sa mère qu'il voit, son sourire enfantin et ses longs doigts. l'odeur d'une brioche qui lui titille les narines et la chaleur du soleil texan en pleine été sur sa peau dorée. adem garde le meilleur toujours, balaye les mauvais jusqu'à les retrouver, une fois les yeux fermés. dans ses cauchemars. les rares fois où il trouve un sommeil apaisant, swarek les compte sur ses dix doigts. la boite de somnifères jamais bien loin, posée sur la table de chevet. il fixe un point invisible, se perd dans les méandres de son esprit. les parties clairs. celles qui l'enivrent. jusqu'à ce que frances ne le rappelle à la réalité. sa voix cristalline qui l'enivre. un signe négatif lorsqu'il remue la tête pour appuyer ses paroles. h'm. non. c'est à l'armée que j'ai apprit à éteindre des feux et ce genre de choses. par choses, il entend : se servir d'une arme, faire une bombe tout comme la désarmer. mais des talents qui lui sont bien inutiles sur l'instant présent. rapidement, il s'empresse de lui proposer son aide. si elle en veut bien entendu. et lorsqu'elle lui répond, adem attrape les oeufs, puis le saladier. pas besoin qu'elle lui fasse ses yeux là, qu'elle batte l'atmosphère de ses longs cils. il est bonne patte adem, ne renie à aucunes tâches. et tandis que ses phalanges s'affairent à -il ne sait pas trop quoi faire en fait, de ces coquilles-, il lui pose la question. ou du moins, lui fait comprendre qu'elle peut tout lui dire. ce qui parait assez étrange en soit. ils ne se connaissent pas tant que ça. n'ont pas partagé des moments indélébiles. des moments tactiles.

le ton froid qu'elle arbore. il sent alors, que le sujet n'est pas à remettre sur la table, qu'elle n'est pas prête à baisser les armes. il veut pas insister, refuse de compromettre ce moment passé. alors, le blond continue sa tâche, n'en éprouve pas moins un pincement au coeur quant aux voltes faces de la brune. il espérait, un brin, qu'elle finirait par se confier. mais t'es pas un mec bien. t'es pas un mec qui inspire confiance et pourtant, t'aimerai que cette image qui te colle à la peau, s'efface. tout à coup, il sent sa carcasse se contractait, son oxygène, manquait. les doigts qui s'emmêlent sur ses fragiles oeufs qu'il tient. il semblerait vraiment qu'adem ne soit pas doué. les secondes semblent s'écouler comme des heures. mais y a sa raison qui le rappelle à l'ordre et sans attendre plus longtemps, il brise le contact, retire ses doigts des ingrédients. laisse frances finir et se recule de quelques pas. j'vais faire le café. au moins, ça tu sais faire. tendu, sur le fil, adem se retourne, entame d'attraper ce dont il a besoin tandis qu'il sent dans son dos, le sillage de la frustration. ils vacillent tous les deux; un coup tactiles, un coup distants. incapable de se décider sur la nature de leurs ambitions. les mains ancrées dans le faux marbre du plan de travail, les minutes qui s'écoulent dans un silence de plomb. il songe. cligne des yeux et inspire profondément. jusqu'à la chose la plus stupide du monde qu'il s'apprête à faire. mais il y pense pas sur le moment, adem. attrape ce qu'il a sous la main, la bouteille de lait à moitié entamée. et sans attendre, il se retourne, déverse le contenant liquide sur la tête de la brune. les cheveux à présent, reluisant d'une liquide blanc. le silence continue de s'immiscer jusqu'à l'éclatement de rire du blond. stupide geste. un brin enfantin. carrément gamin. il sait pas pourquoi il a fait. se trouve pas d'excuse tangible. désolé. je t'avais dit que j'étais complètement nul en cuisine. il la connait pas frances, redoute sa réaction. et si elle se cassait en courant ?

il t'a toujours demandé de faire attention. à ton alimentation. à tes activités physiques. soit belle et tais-toi. t'es pas cultivée. loin d'être intelligente. t'es juste belle. t'es juste ce qu'il a fait de toi. alors, tu fais attention. t'aimes la bouffe, mais tu compenses. un peu de sport. ici et là. pour te dépenser. et pour oublier. ça te vide l'esprit. ça t'évade vers un autre monde. quand tu vas courir sur les rives de canyon lake. ou nager, parfois. lors des nuits d'été. ça, ça ne t'est pas interdit. une petite leçon de morale. juste pour la forme. parce qu'en réalité, tes joues s'embrasent. et t'es pas certaine de ce que tu avances. pas certaine qu'il en comprenne le sens. son corps. celui que tu rêves de toucher. celui qui hante parfois -souvent- tes nuits. tu as essayé, frances. de te sortir adem de la tête. tu as essayé, de ne plus penser à lui de cette façon là. c'est pour cette raison là que tu l'évites. pour cette raison que tu n'oses pas lui adresser la parole. pour qu'il sorte de ta tête. pour qu'il cesse d'hanter tes rêves. une obsession idiote. et la politesse du blond qui, malgré sa taquinerie, passe rapidement à autre chose.

y a des sujets à ne pas évoquer. l'armée. les marques violacées. des sujets tabous. toi, tu n'es pas prête à parler. pas prête à cracher le morceau. pas prête à trahir celui qui t'a sauvée. y a cette distance qui s'installe. celle que tu brises par le contact de vos doigts. ça ne dure que quelques secondes. juste assez pour qu'un frisson te parcoure l'échine. juste assez pour que le malaise s'installe. t'es incapable de te contrôler. incapable de réfléchir. incapable de planifier. y a le silence. gênant. le froid jeté. par tes maladresses. par ton inconscience. y a cette frustration. ce besoin d'en avoir plus. de l'avoir. mais tu n'oses pas, frances. ni te retourner, ni même parler. tu le laisses préparer le café. et toi, tu reportes ton attention sur la préparation de ce petit-déjeuner. y a cet ascenseur émotionnel. ses mouvements que tu peux presque sentir. ses gestes que tu voudrais détailler. mais tu n'arrives pas à te concentrer. y a cette attirance. deux aimants qui s'opposent autant qu'ils se cherchent. deux âmes brisées qui ne veulent que se rencontrer. y a tes joues toujours embrasées. et les minutes qui s'écoulent dans un silence gêné.

jusqu'à cette odeur qui vient titiller tes narines. pas les pancakes que tu fais cuire. puis le liquide qui vient humidifier tes cheveux. l'odeur, tu la reconnais. tu passes une main dans tes cheveux. les remets passablement en ordre. un léger cri s'est échappé d'entre tes lippes. de la surprise. de l'incompréhension. un demi-tour. ton corps collé au plan de travail. un regard suspect. et son rire qui vient briser l'atmosphère froid qui s'était installé. une vraie catastrophe, en effet. les bras croisés sur ta poitrine. le faciès qui mime la colère. c'est se tromper que d'y croire. que de te croire. ta main qui se détache, vient chercher à l'aveugle. éteint le feu de sous le pancake cuisant. tandis que l'autre trouve sa place contre ta hanche. t'aurais jamais dû faire ça swarek. le regard toujours faussement noir. un pas pour creuser la distance. et ta main qui s'élève pour venir s'abattre sur la haut de sa tête. un oeuf planqué. la coquille qui se brise. le son qu'on n'entend pas. qu'on ne perçoit pas tant ton rire se fait fort. t'es qu'une gamine, frances. une enfant enfermée dans le corps d'une adulte. tu n'as pas encore grandi. tu n'as pas encore mûrie. on ne t'a appris qu'à être une femme en écartant les cuisses. tu n'attends pas la sentence. tu n'attends pas qu'il se venge. d'un mouvement vif, tu viens faire le tour du plan de travail, te saisissant du paquet de farine. tu entends alto qui s'agite. qui vérifie que son maître n'est pas en danger.

oh ça oui qu'il l'est. parce que tu sais être déterminée. parce que ce genre de jeux, ça n'a rien d'innocent. rien d'anodin.

fais pas l'con. j'suis armée. tu recules encore. pas pour mettre de la distance cette fois. pas pour le forcer à s'éloigner. un jeu dangereux. le sourire qui étire tes lippes. une danse effrénée. autour du marbre. autour de cette grande pagaille. ça se précipite. ça court dans le loft. ça ne dure que quelques secondes. peut-être quelques minutes. et finalement, tu arrives à le coincer. le paquet de farine toujours dans ta main. qui vient se déverser, une nouvelle fois, sur le blond qui se tient devant toi. c'est toi qui a eu ta vengeance. double sentence. un sourcil arqué. ta lèvre inférieure que tu viens mordiller. il a voulu jouer.

les gestes qu'il a pas pu contrôler et ce regain enfantin. la brique de lait entre les mains, le liquide qui s'écoule d'une seule traite sur sa chevelure brune. il sait pas ce qu'il lui a prit. pourquoi cette envie a traversé son esprit. un jeu malsain. pas accoutumé des tirades de gamin, adem a plus l'habitude d'avoir pour ennemi ses frangins. mais les chamailleries ne se limitent pas à un peu de lait déversé. derrière les allures de gamins que parfois ils se donnent, y a les coups qui tombent lorsque le jeu finit par mal tourner. et ça arrive souvent. pas bien méchant dira t'il, tandis que dans le fond de son myocarde, il sait parfaitement que ça cache bien plus que ça. frances reste là un temps, les bras ballants, se demandant bien ce qui venait de lui arriver. tandis que les rires d'adem brise le silence qui s'était instauré maladroitement. le demi tour de la brune qui ne se fait pas attendre et sur les traits de son visage, il croit bien contempler de la malice. ça le rassure. un peu plus et elle aurait pu mal le prendre. son dos qu'elle colle contre le plan de travail, lui il repose la brique de lait. s'empresse de s'en débarrasser. les yeux dans les yeux,-il quitte pas ses pupilles une seconde-, la belle balance ses menaces. il feint la frayeur, la cache derrière un sourire à peine dissimulé. ah bon ? tu vas faire quoi maintenant ? il n'a pas peur, gonfle son torse de toute l'oxygène de la pièce. cet esprit, cette facette, c'est ce qu'il cherche. profondément ancrée derrière le masque de fragilité qu'elle se donne, frances est une femme comme les autres. une enfant. adem le sait, adem l'a remarqué. l'éternel flamme de l'enfant à peine dissimulé derrière le mascara dont elle maquille ses cils. elle semble désarmer au moment où ses pas approchent, jusqu'à ce qu'elle ne lève une main pour éclater un oeuf sur son crâne. celle là, swarek l'avait pas vu venir. ouvre grand la bouche, prit par la surprise. pas un mot ne sort de sa bouche, il laisse l'ensemble coulé le long de son visage. cligne plusieurs fois des paupières avant de constater qu'elle s'était déjà enfui. réfugiée de l'autre coté de la cuisine, les gestes aux aguets et le rire amusé.

c'est toi qui va l'regretter maintenant. il s'approche, lentement. entend alto se levait de sa niche, prêt à bondir sur quiconque s'en prendrait à son maitre. adem relève le regard vers le canidé, siffle un coup avant de signaler sa présence d'une main. non alto. couche toi. prévenir plutôt que guérir. il connait l'animal sur le bout des doigts, ne voudrait pas qu'il s'en prenne à la brune, maintenant armée d'un paquet de farine. elle le secoue vivement sous son nez, espère ainsi qu'il ne s'approchera pas. il faut bien plus qu'une stupide poudre blanche pour le faire fuir. son appartement est déjà un bordel sans nom. un peu plus ou un peu moins, adem n'est pas à ça près. elle recule chaque fois qu'il avance, entame une danse. jusqu'au moment où swarek accélère le pas, se presse vers elle. pas le temps de la rattraper qu'ils sont déjà en train de se courir après. ça virevolte autour du canapé, de la table basse, de la salle à manger. une chaise qui valse sur le sol, une bride d'objets qui virevoltent. ça aurait pu durer des heures, des jours entiers si adem ne s'était pas réfugié contre un coin de mur, visiblement coincé. le farine ne met pas longtemps à atterrir sur lui. il ferme les yeux, tend les deux mains comme protection. futile. ça l'étouffe, ça le fait suffoquer. il toussote, bat l'atmosphère de ses deux bras. arrête ! il sonne une trêve, demande à la brune que cela ne cesse. les paupières toujours fermées, visiblement impossible pour lui d'ouvrir les yeux tellement la poudre est compacte. la tête qu'il secoue vivement pour retirer toute la farine, ou presque. il fait de même avec tout son corps, passe ses doigts devant ses yeux et finit enfin par les ouvrir, complètement perdue.

ok. très bien. t'as gagné. les bras à présent ballant le long de son corps, il la fixe un moment. commence à avancer vers elle. un pas, puis deux. feint la trêve jusqu'au moment où adem finit par attraper ses hanches, colle son torse contre le sien et secoue vivement le visage pour faire tomber le reste de farine sur ses cheveux. il y plaque une main. là, comme ça, avec le lait, ça va bien coller. il se rend pas compte qu'il est trop près, que ça pourrait clairement l'a gêné. trop prit par le jeu, il en oublie ce qu'il devrait faire. pense à ce qu'il a envie de faire. ses petits doigts qui se débattent mais elle n'est pas devant un adverse à sa taille. la force prime du côté de swarek et sans plus attendre, il se baisse, attrape ses jambes et fait virevolter la gamine sur son épaule. la tête en bas, les jambes qu'il tient de ses deux bras. il tourne, regarde dans son appartement, cherche quoi faire. bon maintenant, j'vais te mettre où ? le son de sa voix se veut amuser tandis qu'il fait de son mieux pour la tenir fermement. c'est qu'elle se débat en plus. un éclair de génie qui illumine ses traits, adem prend la direction de la salle de bain, s'empresse d'allumer l'eau de baignoire, attrape le pommeau au passage. frances qu'il dépose avec plus ou moins de délicatesse dans la céramique, il essaie de se tenir à distance, mais entre la retenir et allumer le robinet, bien difficile. finalement, au bout d'un instant, il parvint à ses fins. trempe la brune de la tête au pied, n'y va pas par quatre chemins. l'eau est froide. désolé. tu m'as pas laissé l'temps. y a sa main qui tient toujours fermement ses poignets, et l'autre le pommeau. tu regrettera surement demain.

toujours une enfant. toujours prête à te laisser guider. ça ne t'est pas arrivé depuis des années. rire aux éclats. chahuter sans penser aux conséquences. la dernière fois, c'était peut-être avec tes parents. tes vrais parents. et toi, tu n'as pas eu le temps de grandir. y a pas eu cette transition entre l'enfant et la femme. une évolution mal faite. une âme enfantine enfermée dans un corps trop adulte. jetée dans la gueule du loup. sans ménagement. et avec toutes les conséquences. alors, tu ne fais pas attention, frances. tu réponds rapidement à son attaque. l'oeuf qui vient s'écraser contre ses cheveux blonds. le sourire qui étire tes lippes. le jeu commence. l'appartement de swarek accueille dorénavant deux âmes d'enfants. les pas sont légers. les rires résonnent. et tu ne fais pas dans la simplicité. le paquet de farine comme ami. fidèle compagnon pour te protéger du blond. de la poudre blanche balancée ici et là. pour l'éloigner de toi. alors que ton coeur hurle de le sentir plus proche encore. tu le prends en traître. adem se retrouve coincé entre un mur et toi. tu n'y vas pas par quatre chemins. cette fois, ce n'est pas que quelques jets de poudre que tu déverses sur lui. mais plutôt le contenu entier de la farine. tu n'écoutes pas ses protestations. laisses même un rire couvrir ses mots. tu t'éloignes de quelques pas quand tu te retrouves à court de munitions. il a les yeux clos. la peau blanche. recouverte d'une texture visqueuse. tu le contemples pendant quelques secondes. restes toujours silencieuse. t'es bien consciente que la vengeance sera terrible. et finalement, elle ne se fait pas attendre.

le blond s'avance. il vient te plaquer contre son torse. il t'enduit à son tour de la farine restée sur lui. une main sur tes hanches. l'autre qui vient plaquer tes cheveux. y a ta main qui tente de l'arrêter. de le stopper dans sa progression. ton corps qui veut reculer. mais t'es bien bloquée. espèce de traître. tu souffles, sans vraiment le penser. sans vraiment lui en vouloir. un autre rire qui s'échappe. contrastant avec tes bras qui se débattent. qui cherchent à le repousser. pour te sauver de cette emprise. pas pour t'en éloignement réellement. vos deux corps bien trop proches. tu n'y fais pas attention. à cette erreur qui pourrait être faite. à ce bien être qui s'empare de toi. tu te sens bien. y a ce flash qui s'empare de toi lorsqu'il vient se saisir de tes jambes et te balance sur son épaule. la peur qui s'empare de toi pendant quelques secondes. les souvenirs d'un dwight énervé, qui se saisit de ton petit corps pour se venger. pour te punir. et la voix du blond qui te ramène à cette douce réalité. qui t'apaise. qui te tranquillise. la peur s'évapore aussi rapidement qu'elle est arrivée. nul part ! repose moi tout de suite, swarek ! ça ressemble à un couinement amusé. la voix qui part dans les aiguës. le sang qui te monte déjà la tête. ses mains qui maintiennent fermement tes jambes. pendant que tu tentes de te débattre. en vain, évidemment. tes petits poings s'abattent doucement contre son dos. encore plus lorsque tu saisis la destination décidée. non, non, non ! ton corps vient rejoindre la céramique de la baignoire. sans aucune délicatesse. les poignets maintenus par adem. et l'eau qui vient tremper ton corps entier. une douche froide qui n'en calme pas moins tes ardeurs. qui ne te ramène pas à la raison. le jeu qui ne s'arrête pas tandis que tu continues à gesticuler dans tous les sens. tu tentes de te libérer de son emprise.

tu y parviens finalement après une lutte acharnée. un léger coup de pied qui vient couper le souffle du blond. rien de méchant. rien de bien douloureux. mais ça a suffit pour le désarmé. tes poignets libérés. le pommeau de la douche qui vient tomber à ses pieds. tu t'en saisis d'un geste vif. le diriges vers lui et tu lui offres la même punition. l'eau vient s'écouler dans la salle de bain. désolée, mais t'en as autant besoin que moi. un autre éclat de rire. et le robinet que tu fermes finalement. vous avez l'air de quoi, comme ça ? tu viens te secouer vivement. ton t-shirt que tu tords ensuite pour l'essorer un minimum. mais ta vengeance, elle n'est pas terminée. tu feins de sortir de la baignoire. tu avales le peu de distance qui vous sépare. il a le dos tourner. tu le prends en traître, encore une fois. viens déverser sur lui un peu de gel douche. beaucoup, même. tu laisses tomber l'arme au sol. viens rire une nouvelle fois. faut pas oublier de te shampouiner. tu souffles, venant synchroniser le geste à la parole. tes mains se posent sur sa tête. hissée sur la pointe des pieds. ses cheveux déjà en bataille. tu viens les faire mousser. puis tes mains descendent. elles s'évadent. découvrent son corps. dans des gestes infantiles. la mousse commence à recouvrir le blond. tes doigts se promènent. vos corps qui se rapprochent de plus en plus. et ton coeur qui tambourine dans ta poitrine.

ça t'fait peur. ça t'fait du bien. ça se bouscule dans ta tête. il te fait tourner la tête.

longtemps qu'il n'avait pas sourit autant. que ses poumons ne s'étaient pas mit à suffoquer de la sorte, derrière des rires incontrôlés, des sourires désirés. y a son âme qui se perd, le mal qu'il l'oublie et les remords qui se font moins pressants. c'est presque facile, inné. comme si, ça avait toujours existé. pourtant, des mois à s'éviter, des semaines à ne pas se parler. adem veut pas. se refuse l'évidence qui pointe pourtant le bout de son nez. c'est mal et tu l'sais. les idées, les envies qui sont pressantes mais il les balaye d'un revers de main invisible, se concentre sur le moment présent. de toute façon, y a pas de place à la réflexion tandis que frances vient tout juste de lui jeter au nez, la farine. le sac entier. il suffoque, ferme les yeux tandis que la poudre s'immisce dans ses narines. on aurait pu croire de la cocaïne, mais il n'en est rien. tu fais pas dans ce domaine là, t'aimes pas ça. le temps de reprendre ses esprits avant que son corps ne se contracte, entre en collision contre celui de la brune. ses mains qui tâtent le terrain, pas d'idées ambiguës non. il secoue vivement sa carcasse, laisse tomber la poussière blanche sur le corps de frances sans états d'âmes. à peine conscient de ses actes. il se rend pas compte que son palpitant explose dans sa cage thoracique, que le sang monte dans le sommet de son crâne. adem finit par s'abaisser, attraper ses jambes, ne lui laisse pas le temps de rendre les armes et de se défendre. prisonnière de ses bras, il s'avance, cherche un point de chute avant que ses pupilles ne trouvent la porte de la salle de bain. il en prend le chemin, la dépose sur la céramique froide de la baignoire et allume l'eau la seconde d'après. swarek trempe son corps de princesse, n'y va pas par quatre chemins tandis que leurs phalanges s'emmêlent. les rires qui sonnent dans la pièce. étrange la façon dont ils semblent y avoir toujours vécu. cette facilité déconcertante qu'ils ont de s'entendre, de se chamailler comme de vieux gamins. ça aurait pu durer des heures, des jours entiers. cette mascarade. cette quiétude dans le regard. jusqu'à ce qu'il ne relâche la pression de ses doigts, jusqu'à ce qu'une seconde, il ne lâche ses bras. la réaction ne se fait pas attendre, il la voit pas venir non. un coup de pied, pas de quoi l'assommer, ça le fait juste reculer. le pommeau dont elle se saisit, elle lui laisse pas de répit, enclenche cette vengeance sans fin et adem finit tremper, de la tête aux pieds. il perd presque l'équilibre, le carrelage trempé. son appartement n'a plus rien d'un domaine presque rangé. il est juste, ravagé.

j'crois que là, j'suis comblé. l'oeuf. la farine. la flotte. adem regrettera surement tout ce bordel à ranger, tous les fringues bon à jeter. il se relève enfin, non sans difficulté, les bras ballants et le regard qui vagabonde sur son état. y a les gouttes qui luisent de ses vêtements, elles s'échouent lentement. il se frotte le visage, puis les cheveux, laisse la brune dans le fond de sa baignoire. j'clame une trêve. il lève les deux mains, sourit amusé tandis que ses pupilles reviennent à frances. il met pas longtemps à lui tourner le dos, cherche une serviette dans laquelle se réfugier. peut être une pour elle aussi. il entend pas les pas qui se précipitent dans son dos, se concentre simplement sur la lourdeur de ses fringues trempés. ça lui glace le dos, adem sursaute vivement tandis que déjà, de ses deux mains, elle étale le gel douche. les paupières qu'il ferme, l'inspiration qu'il prend et il reste là comme un con. ne bouge pas d'un cil, laisse la brune faire. un brin désespéré, surement. c'était vraiment pas nécessaire. adem peut pas s'empêcher de se mettre à rire cependant, de laisse la brune vaquait à son occupation du moment. mais c'est bizarre. ça tique dans son crâne. il voudrait que ça s'arrête, que ce jeu pas si anodin se stoppe. mais y a les battements de son myocarde qui lui crient le contraire. il sait pas, il sait plus. à présent mousseux, le blond se retourne vivement, lui fait face sans états d'âmes. les sourires qui se mêlent, les regards qui se choquent, s'entrechoquent. un moment suspendu dans lequel il se perd. sans s'en rendre compte, comme un geste à peine calculé, adem attrape une mèche de ses cheveux, la remet en place derrière son oreille. les traits de son visage, du bout des doigts, il effleure sa peau, perd la conscience de temps et de l'espace. en oublie ce qui est raisonnable et ce qui ne l'est pas.

une minute, peut être deux qui se sont écoulées. dans un silence apaisant, les yeux dans les yeux. il y a pensé, à ce qu'il pourrait faire, avant de se rendre à l'évidence que ce serait une effroyable connerie qu'il n'est pas prêt d'assumer. il baisse le regard adem, retire ses phalanges de son épiderme et avale difficilement sa salive. tu d'vrais rentrer. dwight doit t'attendre. ça sonne faux. ça sonne pas comme il faut. t'en penses pas un mot. il recule d'un pas, attrape une serviette posée sur le meuble jusque à sa droite. l'enroule autour de la brune et étrangement, ne cherche plus la couleur de ses yeux. il évite les regards, met de la distance sans grande conviction. la lèvre qu'il se pince avant de reculer complètement, de lui tourner le dos aussitôt. il attrape l'arrière de son tee-shirt, le retire vivement tandis que l'eau s'écoule toujours de son jean. il se frotte le crâne avec, retire la mousse dans ses cheveux et avance lentement dans l'appartement. jette ses baskets un peu plus loin, rejoint le réconfort de son salon. un paquet de clopes qui traine sur la table basse. il se saisit d'une cancéreuse, la coince entre ses lippes et jette le tee-shirt un peu plus loin. ses yeux vagabondent à la recherche du briquet. t'es dans la merde adem. t'aimerai qu'elle reste. qu'elle s'évapore pas comme tout le reste.